A quelques heures de la fin de l'ultimatum lancé par le président Bush à Saddam Hussein, le Pentagone semble fin prêt. Le dernier rapport remis mercredi par Hans Blix au Conseil de sécurité n'aura rien changé. Mercredi, la dernière réunion du Conseil de sécurité, où le chef des inspecteurs de l'ONU devait remettre un dernier rapport sur l'état de désarmement de l'Irak, semblait pour le moins décalée par rapport aux préparatifs de guerre en cours. Des troupes auraient même déjà pénétré dans la zone démilitarisée séparant le Koweït de l'Irak. «Des convois américains se dirigent vers Oumm Kassir», selon un membre de la sécurité koweïtienne, qui travaille dans cette région située dans l'Est du Koweït. L'information rapportée par l'agence de presse Reuters n'a été ni confirmée, ni démentie par l'armée américaine. Un porte-parole britannique, le colonel Chris Vernon, a pour sa part indiqué que des soldats s'étaient «pré-positionnés» pour le combat. La mission des Nations unies chargée de la surveillance de cette frontière avait déjà fait état la semaine dernière, de plusieurs « brèches » constatées dans le grillage séparant les deux pays depuis 1991. Totalement évacuée lundi, la MONUIK n'avait cependant pas signalé la présence d'unités de combats. Depuis lundi, les avions américains ont également intensifié leurs activités dans le ciel koweïtien, mettant le cap vers le nord, limitrophe de l'Irak. Le porte-parole du Commandement central américain, David Luckett, a estimé mardi que ces sorties étaient «une réaction directe à une intensification des activités de la part » de l'armée irakienne. Et qu'elles étaient liées «à des menaces spécifiques contre des pays voisins (et) contre les avions alliés en charge de la zone d'exclusion aérienne», dans le sud de l'Irak. Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont massé dans le Golfe et à proximité quelque 270.000 soldats, dont 225.000 côté américain et 45.000 côté britannique. Près de la moitié d'entre eux sont stationnés au Koweït, le second front au nord, en Turquie, n'étant toujours pas officialisé. Au total, 700 avions, des hélicoptères, des chars et près de 70 bâtiments de guerre américains ont aussi été déployés. Sans compter les bases aériennes dont le Pentagone dispose en Turquie, au Koweït, à Bahrein, au Qatar, à Oman, à Djibouti et en Arabie saoudite. Le secrétaire d'Etat américain Colin Powell a aussi assuré mercredi que son pays avait le soutien de 45 alliés. L'Espagne a cependant annoncé qu'elle ne «participerait pas à des missions d'attaque», alors que l'Australie a confirmé la participation de 2.000 hommes, 14 chasseurs et trois bâtiments de guerre. Le président polonais Aleksander Kwasniewski a promis 200 soldats, la Bulgarie «un soutien logistique. Le Danemark s'est aussi dit engagé dans une opération militaire alors que l'Italie et la Turquie ont offert aux Etats-Unis d'utiliser leur espace aérien. Le centre avancé du commandement central (CENTCOM) américain basé dans le désert qatari a de son côté procédé aux ultimes ajustements à l'approche de l'expiration de l'ultimatum du président Bush à Saddam Hussein, jeudi à 1h15 du matin. «Nous sommes aussi prêts que l'on peut l'être» a assuré une porte-parole de la base, le commandant Rumi Nielson-Green. Sous la direction du général Tommy Franks, commandant des forces américaines dans le Golfe, le Q.G. sera chargé de coordonner les opérations militaires en Irak. Et d'informer les médias sur le déroulement du conflit. A ce propos, le porte-parole Luckett a promis mercredi de «communiquer la vérité» aux journalistes. Autre engagement pris : les stratèges américains prévoient de noyer l'Irak sous un tapis de bombes – 3.000 au moins - pendant les deux premiers jours de raids aériens…