Après avoir connu un moment de doute en raison de l'intention de Abdelouahed Radi de lui disputer le leadership de l'USFP, Mohamed Elyazghi est désormais sûr de succéder à Abderrahmane Youssoufi à la tête du parti. La nouvelle USFP est arrivée. Parole de Mohamed Elyazghi. C'est ce qui ressort de la réunion du bureau politique qui a eu lieu dimanche 16 novembre autour de celui qui est désormais assuré de quitter son statut d'éternel second pour celui de premier secrétaire. D'ailleurs, l'intéressé s'est exprimé au cours de cette réunion en véritable chef même si ses collègues du Bureau politique ne l'ont pas encore adoubé officiellement. Une question de quelques jours. L'essentiel c'est que Mohamed Elyazghi, qui a connu un moment de doute sérieux en raison de l'intention de Abdelouahed Radi de lui disputer le leadership dans la foulée de la démission de Abderrahmane Youssoufi, est désormais rassuré sur son destin politique. Lui Mohamed Elyazghi, ministre de l'Aménagement du Territoire, de l'eau et de l'environnement, sera sans conteste le troisième patron de l'USFP après Abderrahim Bouabid et Abderrahmane Youssoufi maintenant que la candidature vraie ou supposée du président du Parlement n'est plus pratiquement à l'ordre du jour. Avec le recul, il apparaît que l'entrée en lice de M. Radi qui, du reste, n'a jamais été annoncée officiellement par l'intéressé, s'apparentait en fait à une manœuvre destinée à faire comprendre au premier secrétaire-adjoint que la succession à la tête du parti n'allait pas cette fois-ci se passer de manière automatique. Comme une lettre à la poste. Même s'il était le dauphin naturel du vieux patriarche, il doit désormais être élu sur la base d'un programme et d'une vision. D'où la nécessité de composer avec toutes les sensibilités qui traversent le parti. C'est ainsi que M. Elyazghi a entrepris de rencontrer l'un après l'autre les 19 membres composant le Bureau politique. Avec chacun d'eux, il a abordé la manière dont il conçoit l'avenir de la nouvelle USFP. Résultat de ces conciliabules : unanimité autour de l'immobilisme qui plombe le fonctionnement du parti à cause notamment des méthodes de travail qui ont prévalu jusqu'ici. De Khalid Alioua à Habib El Malki en passant par Larbi Ajjoul et Driss Lachgar, tout le monde était d'accord sur la nécessité de la réforme dans le sens de la responsabilisation des militants. Ceci passe par une nouvelle répartition des tâches au sein du Bureau politique et des autres instances dirigeantes notamment le comité central et la commission administrative. Les membres du Bureau politique auront à l'avenir des obligations et chacun sera comptable de ses actions et de son bilan. Quant à la commission administrative, elle ne fonctionnera plus comme avant avec des exposés des membres du Bureau politique. Il a été décidé que les réunions de cette instance seraient consacrées à la situation des différents secteurs du parti (élus, syndicat, jeunesse, relations internationales, …), chacun des responsables concernés viendra présenter un rapport sur la marche de son organisation. L'objectif de cette nouvelle réorganisation étant de redonner la parole aux militants de base et à ceux qui sont en contact permanent avec la réalité aussi bien du pays que du parti. Finis les discours-fleuve sur fond de vieux réflexes et d'arrière-pensées politiciens qui ne dépassent jamais le domaine de l'incantatoire. Ce projet de refonte technique, certes ambitieux, n'est pas suffisant pour l'avènement d'une USFP débarrassée des scories qui le paralysent. Le plus important reste la capacité des dirigeants de l'USFP à entraîner le parti dans une action d'autocritique et à transcender ses querelles de personnes. Formation à la croisée des chemins dont les membres ont dépensé au cours de ces dernières années plus d'énergie à se déchirer qu'à chercher à s'entendre, l'USFP aura fort à faire pour retrouver un esprit de cohésion et surtout une culture de débat. Un débat qui pourrait être amorcé par cette question presque existentielle: C'est quoi être USFP aujourd'hui?