Le système est fragmenté et caractérisé par d'importants dysfonctionnements Durant ces deux dernières décennies, de nombreux efforts ont été entrepris pour développer le système de protection sociale au Maroc à travers plusieurs initiatives et chantiers d'envergure dont les plus importants sont la généralisation de la couverture médicale de base à travers ses deux volets AMO et Ramed ainsi que l'INDH et le Fonds d'appui à la cohésion sociale (FACS). Le dispositif est complété par un système contributif de sécurité sociale regroupant les différentes Caisses de retraite, la Caisse nationale de sécurité sociale et la Caisse nationale des organismes de prévoyance sociale. Les programmes d'assistance sociale ont permis d'atteindre des résultats probants, mais ils restent confrontés à de nombreux obstacles. En dépit de ces avancées, le système de protection sociale au Maroc est fragmenté et caractérisé par des chevauchements et des dysfonctionnements qui affectent l'efficience et l'efficacité compte tenu de l'absence d'un dispositif de ciblage universel des ménages, équitable, efficace, efficient et intégré. En effet, ces programmes sont caractérisés par une forte fragmentation, avec une multiplicité d'intervenants et d'actions et un déficit de coordination et de couverture. Cette situation engendre des chevauchements et des redondances des actions destinées à certaines catégories sociales, et en même temps l'exclusion ou la faible couverture d'autres. Faut-il rappeler qu'en février dernier le Conseil économique, social et environnemental (CESE) avait estimé que le système de protection sociale au Maroc reste «incomplet, limité et vulnérable» en notant que 60% de la population active n'est pas couverte par un régime de pension et 46% ne bénéficient pas d'une couverture médicale. Le CESE avait appelé à une réforme structurelle de la protection sociale de manière à surmonter les difficultés constatées et garantir aux citoyens une couverture sociale adéquate et pérenne. Pour remédier à cette situation, le Maroc doit adopter une politique sociale unifiée et orientée vers le développement d'un système de protection sociale intégrée et couvrant l'ensemble de la population de manière juste et équitable. Néanmoins, la concrétisation de cette approche et sa réussite demeure tributaire de l'efficience du ciblage des bénéficiaires. D'où l'importance de la mise en place du Registre national de la population (RNP) et du Registre social unique (RSU). A noter que la mise en œuvre du Registre social unique débutera de manière progressive avant fin 2019. En effet, ce registre sera appliqué dans un premier temps dans une région pilote avant d'être généralisé à travers le Royaume. Ce registre permettra ainsi de recueillir des informations socio-économiques des ménages afin de cibler ceux qui remplissent les conditions pour bénéficier des prestations sociales. Par ailleurs, le projet de loi de Finances 2020 prévoit, dans le cadre de la généralisation de la couverture médicale de base, de poursuivre la mise en œuvre de l'AMO au profit des étudiants de l'enseignement supérieur avec la simplification des procédures administratives pour encourager l'adhésion des étudiants audit régime. Signalons que le nombre de bénéficiaires s'est établi à 116.247 étudiants au titre de l'année universitaire 2018-2019, contre seulement 33.023 en 2016. L'année 2020 sera également marquée par la poursuite des concertations avec les catégories professionnelles pour la mise en œuvre de la couverture médicale des indépendants et professions libérales, particulièrement les professions organisées.