Affirmant que le gel de l'activité de Abderrahmane Amalou et Abdelaziz Messioui s'inscrit dans le cadre global de la redynamisation du parti, le secrétaire général par intérim de l'Union Constitutionnelle, Mohamed Abied, nous trace les grandes lignes d'un chantier pour l'avenir. ALM : Marquée par le retrait de deux membres de son Bureau politique, l'action de l'UC semble s'inscrire dans une logique de réajustement. Quel en est l'objectif ? Mohamed Abied : Notre activité s'inscrit actuellement dans le cadre de la préparation du congrès qui constituera pour nous un tournant décisif. Un congrès que nous avons dû ajourner jusqu'à l'adoption de la loi à venir sur les partis. Cela nous a évité toute tension électorale liée aux précédentes échéances, communales comme législatives, mais aussi la tenue d'un congrès extraordinaire après que ladite loi entre en vigueur. Dans la préparation, déjà en cours, du congrès de l'UC, un Bureau politique élargi, comprenant des instances élues démocratiquement, a été impliqué. Des membres ont été invités à céder leur place. D'autres, des représentants des groupes parlementaires, de la 1ère comme de la 2ème Chambres, ont été associés ainsi que des représentants de la jeunesse et de la femme UC. Où en êtes-vous en matière de préparation du congrès ? Avec des commissions préparatoires, spécialisées et chargées d'élaborer et présenter une série de rapports, nous avons prévu des réunions avec les représentants des différentes régions. Ces derniers vont tenir leurs propres congrès et élire leurs représentants au sein du Conseil national. Et ce sera à ce dernier de procéder à son tour à l'élection des structures du parti. Tout cela y compris l'élection du Bureau politique, va se faire avant la tenue du congrès, qui représentera pour nous le couronnement de tout ce travail. Votre action s'inscrit également dans une optique de liquidation des passifs. En témoigne la mise à l'écart d'Amalou et Messioui. Peut-on parler d'assainissement dans ce sens ? Nous sommes en plein règlement de plusieurs problèmes. D'ailleurs, les décisions prises à l'encontre de Abderrahmane Amalou et Abdelaziz Messioui s'inscrivent dans ce cadre. Nous estimons que le choix qui sera porté sur les cadres, hommes et femmes, qui auront la responsabilité de représenter le parti est le plus décisif de tous. L'Union constitutionnelle est un parti sain. Preuve en est que quand l'image du parti est compromise, nous n'hésitons pas à prendre les mesures qui s'imposent. En cela, nous restons entièrement à l'écoute de nos bases et les décisions sont prises de manière démocratique et loin de toute forme d'autoritarisme. Ce qui n'est pas le cas dans d'autres formations politiques qui n'osent pas s'attaquer à ce genre de problèmes, de peur d'un éclatement de leurs structures. Notre objectif est d'arriver à ce que les personnes qui représenteraient un risque pour l'UC se retirent d'eux-mêmes. Dans des pays comme la France, avec la démission récemment de l'ancien ministre des Finances Hervé Gaymard, ou encore en Allemagne, cet état d'esprit, cette culture s'est mue en règle. Une règle que nous voulons également nous imposer. Il faut en finir avec cette habitude voulant qu'une personne à qui l'on reprocherait telle ou telle attitude soit maintenue. Peut-on dire que l'UC donne l'exemple en matière d'éthique politique? La démocratie et le respect de la déontologie, que nous voulons installer au Maroc, commence à l'intérieur même des partis. Chose que nous avons entamée, en amenant, par le dialogue, les éléments qui portent ou pourraient porter préjudice au parti à céder leur place à d'autres compétences. Mais ce qui est anormal, c'est que certains des éléments démis trouvent place au sein d'autres partis. D'une mesure censée assainir l'action partisane et politique de manière générale, cette démission se meut en un tort que nous sommes accusés d'avoir porté à la personne concernée. Nous sommes cependant rassurés sur ce point, étant donné que le projet de loi sur les partis s'attaque à ce problème, en décidant que toute personne en exercice est considérée comme non inscrite, une fois qu'elle a quitté un parti. En matière d'alliance avec d'autres partis, sur quelle base allez-vous choisir vos partenaires ? Une chose est désormais sûre. Il n'y a pas d'avenir pour les partis politiques marocains sans alliances. Quel est l'objectif d'un parti politique, si ce n'est d'être amené à participer à la gestion de la chose publique ? Aujourd'hui, aucun parti marocain ne peut, seul, s'acquitter de cette mission. Ceci étant, une alliance doit être forte ou ne pas être. Elle doit servir à constituer 60 ou 70% d'une majorité, mais pas à n'importe quel prix. Aux intérêts et formes de copinage qui puissent exister, nous préférons que cette alliance soit basée sur un programme politique partagé et qu'elle soit faite au sein de la même famille politique. C'est là notre condition. Etant donné ses fondamentaux libéraux, l'UC ne peut pas, et ne doit pas, envisager une alliance avec l'USFP par exemple, que nous respectons par ailleurs. Il nous faut des partis qui réfléchissent comme nous.