«Ici, aujourd'hui, la rose a éclos. Sur les branches, les rossignols chantent. Et ceux assis-là sous les branches sont épris d'amour. Dans le jardin et ses allées poussent de nombreuses fleurs parfumées. Al Shushtari, le meilleur des troubadours, nous comble de son amour de mille saveurs. Je dédie ce quatrain à une femme d'exception qui, par son engagement, ses actions, nous a permis ce soir de nous retrouver dans ce lieu magnifique de Jnan Sbil sous les bigaradiers et parmi les roses. Cette odeur et cette saveur ici-bas ce soir, nous la dédierons à SAR la Princesse Lalla Hasna qui a fait rénover et réaménager ce jardin». Par ces mots poétiques, Carole Latifa Ameer, directrice artistique du Festival de Fès de la culture soufie, a introduit, samedi soir, la 12ème édition de ce grand événement spirituel dont la création d'ouverture a rendu hommage au grand poète andalou, Al Shushtari. «Bien que ce soufi troubadour du 13ème siècle soit moins étudié que ses contemporains comme Rumi, Ibn Arabi, il est un véritable pont entre les cultures. C'est cette dimension qui nous a intéressés», détaille-t-elle. Comme elle l'explicite, les poèmes de ce troubadour sont toujours présents dans les moussems au Maroc et bien au-delà. Ses chants se retrouvent jusqu'au Moyen-Orient et encore aujourd'hui. «Le nom de l'auteur a bien disparu du répertoire mais ses chants sont très connus du public, notamment marocain», enchaîne l'oratrice. Dans Al Andalus, terre de tolérance et de vivre-ensemble, où la culture soufie était un véritable art de vivre, Al Shushtari a bien marqué le public. Pour interpréter les poèmes de ce troubadour, lors du concert d'ouverture du festival qui se tient sous le thème «La culture soufie, un humanisme spirituel pour notre temps», trois voix éminentes du répertoire spirituel se sont accordées sous la direction du grand artiste Mustapha Amri. En compagnie d'un ensemble purement fassi, les chanteurs Marouane Hajji, Françoise Atlan et Curro Pinana, grand interprète du chant flamenco, né à Murcie, ont envoûté le public marocain et étranger, venu en grand nombre pour assister à cette création. Pour ouvrir le bal, les artistes ont donné libre cours à leurs voix, aux bords de la scène, en exaltant l'unicité divine avant de monter sur scène. Après quoi, ils ont interprété, tour à tour, les poèmes d'Al Shushtari en différentes langues avant de rallier leurs cordes vocales le temps d'une dernière performance. De quoi faire plaisir aux multiples nationalités présentes.