Le peuple sait qui est Sharon (...), et il serait disposé à fermer les yeux, tant qu'il conduirait le pays dans la bonne direction. La semaine dernière, Ariel Sharon a fêté ses 77 ans. Dans la même semaine, il a célébré le 2ème anniversaire de son second gouvernement, et les 4 années de son premier gouvernement. Selon les sondages dans l'opinion publique israélienne, il est très populaire et le plus puissant des chefs d'Etat de l'histoire d'Israël. Mais dans la pratique, Ariel Sharon est au bord du gouffre depuis un an. Il ne dépend que de la bonne volonté de quelques députés de son parti, le Likoud, dont la défection signifierait sa chute. Au début de son mandat, l'opinion de droite n'avait rien à lui reprocher, malgré l'échec de ses services de sécurité face à l'Intifada, malgré l'augmentation dramatique du chômage et de la pauvreté. Soudain, il a sorti son plan de désengagement de Gaza qui a soulevé la rébellion de l'extrême droite, politique et religieuse. Il a décidé de s'y tenir avec toute l'obstination et la brutalité dont il est capable, souligne l'analyste Yossi Verter, dans le grand quotidien Haaretz. Certains vont jusqu'à dire que Sharon a regardé à gauche puis à droite mais étant le chef du gouvernement, il ne pouvait attaquer personne «car il a mûri et de simple politicien, il serait devenu homme d'Etat », affirme un de ses proches. Les enquêtes de police sur la corruption de ses fils portent sur plusieurs millions de dollars, voire sur la sienne. Ces enquêtes ne semblent jouer aucun rôle sur l'évolution de l'opinion publique concernant Ariel Sharon, pourtant 62% le jugent corrompu. Tout en reconnaissant, cependant, à 80 % qu'un dirigeant a besoin d'argent. Il est qualifié d'homme brutal par 62 % et 44 %, seulement, estiment qu'il est droit. Mais selon les religieux sa droiture serait sa moindre qualité. Le peuple sait qui est Sharon, selon Yossi Verter, et il serait disposé à fermer les yeux, tant qu'il conduirait le pays dans la bonne direction. C'est pourquoi sa note de bon chef de gouvernement augmente sans cesse : elle était de 6,05 en novembre 2004, pour passer à 6,3 en janvier dernier et à 6,6 à présent. Et les sondages indiquent, en particulier, que le soutien de l'opinion israélienne à Sharon vient, avant tout, de la gauche et du centre. Pourtant, à la question doit-il se présenter à nouveau en novembre 2006, -il aura alors 79 ans-, 61% ont répondu qu'il devait « se retirer dans sa ferme » et, 34%, seulement, le pressent de se représenter: c'est à droite que la retraite lui est conseillée. Il apparaît une contradiction entre ces dernières données du sondage et le soutien massif dont bénéficie apparemment Sharon. Va-t-il, alors, achever son rôle historique après le désengagement prévu le 20 juillet 2005? Va-t-il, néanmoins, se représenter en 2006 ? Probablement, car malgré son âge, Sharon apparaît le préféré, affirme Yossi Verter. En tous les cas, 68,5 % selon les sondages de l'opinion israélienne approuvent le désengagement de Gaza, en cas de vote d'un référendum sur cette question. Seulement 27,6 % s'opposeraient, dans ce référendum, au désengagement. Avec de tels résultats, il n'est pas sûr que les colons veuillent, réellement, aller jusqu'à la consultation populaire. Ils trouveront, donc un moyen de l'éviter dans la pratique. D'autant qu'en cas de référendum, 100% des électeurs du parti Meretz de Yossi Beilin ; 89% des électeurs de Shinoui (parti laïc modéré); 83 % des électeurs du parti travailliste (Avoda) et, tout de même, 52% des électeurs du Likoud (parti de droite de Sharon), voteront positivement, estime Yossi Verter. Sahron apparaît, en effet, coupé de près de la moitié de électeurs de son parti,. Toutefois, en cas de confrontation entre lui et son concurrent Benyamin Netanyahou, 50% de l'électorat, lui serait favorable, à peu près, ce même rapport dans l'analyse des votes des électeurs du parti Likoud… Sharon a, donc, encore des chances d'être réélu en novembre 2006…