Alors que MM. Bush, Blair et Aznar tenaient hier leur «conseil de guerre», le président français s'dressait dimanche aux Américains, insistant encore une fois sur la nécessité d'accorder plus de temps aux inspections onusiennes. A deux jours du nouveau rapport attendu de Hans Blix devant le Conseil de sécurité de l'ONU, le président français s'est dit prêt, dimanche, à accepter toutes les «modalités pratiques» que proposeraient les experts en désarmement en Irak, notamment sur la question du temps. «Les inspecteurs ont dit à plusieurs reprises que ce n'était pas une question d'années, que ce n'était pas non plus, naturellement, une question de jours, que c'était une question de mois» a dit Jacques Chirac. «Je suis prêt à tout accord sur ce point qui aurait l'aval des inspecteurs», a-t-il ajouté lors d'un entretien accordé aux chaînes CNN et CBS. Le message du chef d'Etat adressé à l'opinion publique américaine était donc clair : l'engagement de la France s'inscrit dans la cadre de la légitimité internationale et donc des Nations unies. Lesquelles par le biais de leurs experts en désarmement ont récemment reconnu que des «progrès importants ont été faits, qu'on détruit tous les jours des armes irakiennes», selon M. Chirac. Lequel a précisé que «certes, on n'a pas encore atteint l'objectif mais les inspecteurs considèrent, et le diront d'ailleurs mardi prochain, qu'on a une possibilité d'atteindre l'objectif sans faire la guerre». C'est bien l'«objectif» de la France qui continue de contredire les projets des Américains et de leurs alliés. La ministre française de la Défense l'a elle aussi répété dimanche depuis le Qatar où elle se trouvait dans le cadre d'une tournée dans les pays du Golfe. «La France a toujours dit qu'il n'était pas question pour elle de participer à une intervention militaire qui ne serait pas décidée par la communauté internationale. Cela a toujours été notre position», a affirmé Michèle Alliot-Marie à Doha. «Ce que nous disons, c'est que si malheureusement, il doit y avoir une intervention militaire, et une intervention militaire non acceptée, non avalisée par la communauté internationale, après la guerre, la paix ne pourra se faire qu'avec la communauté internationale. Et bien entendu, dans ce cas, la France prendra toute sa part et toutes ses responsabilités» a ajouté la ministre. Cette déclaration est d'ailleurs venue s'ajouter aux nombreuses voix, y compris irakiennes, qui semblent s'être résignées au déclenchement imminent d'un conflit qualifié d'«illégal» et d'«injuste». Le président américain et ses deux alliés inconditionnels que sont les chefs des gouvernements espagnol et britannique allaient-ils donc peaufiner cette «sale guerre» dimanche? Les trois initiateurs de la seconde résolution -toujours dans l'impasse- se retrouvaient sur la base américaine de Lajes, aux Açores, pour une «ultime chance» de la paix, sur fond de nouvelles manifestations mondiales. Redoutant ce qui semble désormais l'inévitable, le régime irakien a pour sa part poursuivi la destruction de ses missiles Al-Samoud 2 tout en prenant des mesures de défense pour faire face à une éventuelle attaque. Mais le secrétaire d'Etat adjoint américain, Richard Armitage, l'a bien dit : «la fenêtre diplomatique sur l'Irak est en train de se refermer rapidement».