La Cour d'appel de Rabat a accordé la liberté provisoire à onze des quatorze jeunes amateurs de rock accusées de «satanisme». Condamnés à des peines de prison pour «actes pouvant ébranler la foi des musulmans», onze des quatorze jeunes musiciens bénéficient depuis mardi soir d'une mise en liberté provisoire dans l'attente de leur second procès. La Cour d'appel de Rabat, saisie en urgence par les avocats de la défense pour statuer sur leur demande, a toutefois refusé d'accorder cette liberté provisoire aux trois autres jeunes, un Egyptien et à deux Marocains, condamnés lors de la première instance à un an de prison. Les quatorze prévenus avaient écopé le 6 mars dernier de peines allant d'un mois à un an de prison pour «troubles à l'ordre public» et détention d'objets divers – des CD de hard rock, des T-shirts noirs, un serpent en plâtre rouge, un petit crâne-bougeoir notamment - jugés «contraires à la foi musulmane». Poursuivis pour «dégradation des mœurs, incitation à la débauche et actes attentatoires à la religion musulmane», ces jeunes gens âgés de 22 à 35 ans, avaient été présentés par l'accusation comme des «adorateurs de Satan». Ils fréquentaient le café l'Egyptien de Casablanca, et ont en commun d'être amateurs ou musiciens de musique «heavy metal». «On reproche simplement à mes clients le fait d'écouter de la musique et de porter des tee-shirts noirs», avait déploré le jour de l'audience Me Mahfoud Billah, avocat de la défense, qualifiant cette procédure «d'inique». La condamnation de ces jeunes a également suscité une vive polémique au sein de la société civile et la presse qui ont dénoncé un «procès de la liberté d'expression et de la liberté de création». Des démarches visant la libération des prévenus ont notamment été menées par un collectif d'ONG regroupant notamment l'Association marocaine des droits humains et des organisations de musiciens et de cinéastes. Des délégués de ce collectif ont été reçus lundi par le ministre de la Justice Mohamed Bouzoubaâ. Mercredi soir, un sit-in suivi d'un concert était aussi prévu à Casablanca. La date du procès en appel n'a pas encore été fixée.