Détentrice de la Khemissa dans la catégorie «Gestion d'entreprise» de cette année, Fatima Lakhal a une volonté de fer. Elle a pu avec un petit prêt contracté auprès d'une société de micro-crédit monter un projet qui emploie aujourd'hui dix personnes. Fatima Lakhal est une battante. Elle a su, avec le peu de moyens qu'elle a, mettre sur pied un petit projet et en cueillir, quelques mois après, les fruits. Originaire de la ville d'Oujda, Fatima Lakhal vient de voir ses efforts récompensés par une Khemissa de la catégorie «gestion d'entreprise», lors d'une soirée tenue samedi dernier à Marrakech. Mère de huit enfants, elle est de ces femmes qui bâtissent leurs avenirs par elles-mêmes et arrivent à braver les différents obstacles qui se dressent devant elles. Les parcours semés d'embûches et les chemins épineux ne lui font plus peur, tellement elle les a empruntés. Avec un mari malade, ne pouvant subvenir aux besoins des nombreux membres de sa famille, Fatima Lakhal s'est retrouvée seule et sans aucune ressource financière pour élever ses huit enfants. Courageuse et déterminée, elle n'a pas baissé les bras. Elle a retroussé ses manches et est allée frapper à plusieurs portes. Pour survivre, Fatima Lakhal a exercé quelques petits métiers, mais elle n'a, malheureusement, pas pu joindre les deux bouts. «C'est à ce moment-là que j'ai décidé de contacter Al-Karama, une société de micro-financement. Le montant du premier prêt qu'on m'a accordé était de 5000 Dh. Cette société de micro-financement a remarqué que je respecte, d'une manière régulière, les délais de remboursement et a commencé à me faire confiance en me permettant de bénéficier d'un montant de plus en plus important », dit-elle fière de recevoir une telle distinction. Sa ferme volonté d'aller de l'avant a poussé cette « self made woman » à prouver sa capacité à diriger une petite entreprise qui fait travailler aujourd'hui dix personnes et qui arrive à honorer ses engagements financiers. Le projet de Fatima Lakhal consistait en l'élevage et la vente des moutons. Son cheptel compte maintenant 200 têtes et son capital s'élève à près de 140.000 Dh. Cette expérience a débuté en janvier 1999 lorsqu'elle a reçu son premier prêt. Depuis, elle n'a cessé de se consacrer à son projet en construisant une étable où elle élevait, avec l'aide de ses enfants, ses moutons. Et pour mieux gérer et développer son entreprise, elle s'est inscrite dans des cours d'alphabétisation. Elle sait que le savoir en plus du sens des affaires, quoique petites, ne seront que bénéfiques pour l'extension de son entreprise. D'ailleurs, elle s'apprête à construire une autre étable pour élever des bovins. Si Fatima est fière de recevoir la Khemissa de la meilleure femme manager de cette année, elle reste toutefois humble et affirme que cette distinction la rend encore plus combative. «J'aimerais bien qu'on me récompense aussi l'année prochaine. Je vais travailler encore plus dur pour mériter une autre Khemissa» ajoute-elle. Fatima Lakhal n'est pas de ceux qui dorment sur leurs lauriers. Ambitieuse, elle pense à acheter des chèvres, les élever et les revendre par la suite. «Je pense que ce nouveau projet d'élevage de chèvres sera également une bonne chose. Cela va me permettre d'embaucher encore des gens et de faire vivre et ma famille et les autres familles !» explique-t-elle. Fatima Lakhal est l'une de ces femmes qui ont pu faire de la micro-finance une véritable success-story.