Le sanglant attentat survenu mercredi à Haïfa a une nouvelle fois été suivi de représailles meurtrières et collectives à Ghaza. Le premier crime a été condamné par le monde entier, l'autre réduit au silence. Mercredi matin, dans la ville d'Haïfa, située au nord de l'Etat hébreu, un bus a explosé. Outre le kamikaze, au moins quatorze personnes sont tuées et une quarantaine d'autres blessées par le premier attentat anti-israélien perpétré depuis deux mois. Le lendemain, l'auteur de l'attentat -qui reste non revendiqué- est identifié comme étant Imran Salim al Kaouasmeh, un militant du Hamas âgé de 21 ans. Les images de ce nouvel acte de violence font quant à elles le tour du monde et soulèvent une large émotion. L'un des premiers dirigeants à le dénoncer est le président américain qui «condamne en termes énergiques cette attaque contre des innocents en Israël». Ari Fleischer, porte-parole de la Maison blanche, déclare alors que «notre message aux terroristes est le suivant : vos efforts échoueront. Nous continuerons sur le chemin de la paix au Proche-Orient». L'autre instance dirigeante à dénoncer l'attentat est l'Autorité palestinienne qui, dans le même temps, est directement pointée du doigt par l'Etat hébreu. Elle «ne fait absolument rien pour endiguer cette vague d'assassinats et de carnages. Il y a eu une accalmie trompeuse dans les attentats principalement en raison de l'efficacité de nos services de sécurité», a estimé alors un porte-parole du gouvernement Sharon. Et Israël ne tarde pas à réagir : tôt jeudi matin, le sang coule encore, mais cette fois-ci dans l'autre camp, celui des «innocents» palestiniens. Des hélicoptères tirent d'abord trois missiles sur Djabalya, une localité voisine de Gaza. Les chars pénètrent ensuite dans le camp de 90.000 réfugiés et procèdent à la destruction d'au moins deux maisons appartenant à des membres du Hamas. Onze morts et 140 blessés -dont une trentaine dans un état «très critique- est le premier bilan livré par les responsables politiques et médicaux palestiniens. Ce nombre important de victimes est notamment dû à un obus de char qui s'est abattu sur une foule assemblée autour d'une boutique incendiée. Le seul commentaire sur cette opération vient du négociateur palestinien Saëb Erakat, qui a dénoncé un «crime de guerre (qui) consiste à se venger sur des civils». «Nous exhortons le Quartette à intervenir immédiatement et directement pour rompre le cycle de la violence», a déclaré celui qui est aussi ministre des Collectivités locales. Les quatre parrains du processus de paix -les Etats-Unis, l'Union européenne, la Russie et les Nations unies- restent eux sans voix. Le général israélien Gadi Shammi a pour sa part réfuté cette thèse d'une opération de «représailles» à Djabalya, même si le cabinet Sharon s'est effectivement réuni mercredi peu après l'attentat suicide. Il s'agit de la «poursuite de l'offensive lancée il y a deux semaines contre les activistes», a-t-il expliqué. En effet, depuis la mi-février, les raids menés par l'armée de l'Etat hébreu -et qui visent le mouvement du Hamas- ont entraîné la mort de dizaines de Palestiniens, surtout dans la bande de Ghaza. Plusieurs villes de Cisjordanie comme Naplouse et Jénine ont aussi essuyé plusieurs incursions dévastatrices. Elles sont désormais, comme l'ensemble des territoires occupés, totalement bouclées par Israël jusqu'à dimanche. Un précédent bouclage avait déjà été imposé par Israël du 10 au 18 février, suite à des «menaces redoublées d'attentats».