Les Etats-Unis ont dénoncé mardi l'incident provoqué dimanche par la Corée du Nord lorsque celle-ci a intercepté leur avion-espion en mer du Japon. Washington et ses alliés examinent leur « réponse ». Le dernier incident provoqué par la Corée du Nord va-t-il cette fois-ci provoqué une réaction directe des Etats-Unis ? Mardi, Washington a fait part de sa colère et promis de répondre au nouveau défi nord-coréen, sans toutefois préciser de quelle façon. « Nous menons des consultations avec la Corée du Sud et d'autres alliés sur la forme que va prendre la protestation », a indiqué un responsable américain sous couvert de l'anonymat. Dimanche, le régime communiste avait lancé quatre de ses chasseurs à la poursuite d'un avion-espion américain RC-135 au-dessus de la mer du Japon. Les MiG-29 s'étaient approchés très près, jusqu'à 15 mètres, de l'avion quadrimoteur, l'escortant 22 minutes pendant lesquelles un des avions nord-coréens l'a ciblé dans son radar de tir. Selon le Pentagone, l'appareil se trouvait à 241 kilomètres au large des côtes nord-coréennes, donc dans l'espace international, quand il a été repéré et pourchassé. « Il s'agit d'un geste particulièrement provocateur, susceptible d'effrayer nos alliés davantage que les précédentes provocations », a estimé un responsable de l'administration Bush. Outre la réponse américaine, la question est désormais de savoir jusqu'où ira Pyongyang dans le bras de fer qu'elle a lancé aux Etats-Unis. Axée sur la relance d'un programme nucléaire en violation des traités internationaux que la Corée du Nord a signés, la crise actuelle a été ravivée par les récentes dénonciations faites par Pyongyang à l'encontre des vols américains. Selon le régime communiste, ces RC-135 auraient à plusieurs reprises violé son espace aérien. La semaine dernière, les Etats-Unis avaient, quant à eux, accusé, sur la base de photos-satellite, les autorités nord-coréennes d'avoir relancé un réacteur nucléaire et de s'apprêter à redémarrer l'usine de retraitement du même complexe. « Le Nord veut montrer qu'il n'a pas l'intention de perdre la guerre des nerfs avec Washington » a estimé mardi Kim Sung-han, expert de l'Institut sud-coréen des affaires étrangères. La Chine, qui a récemment promis au secrétaire d'Etat Colin Powell qu'elle tenterait de raisonner son allié, a de son côté appelé les deux Etats à «garder leur sang froid». Reste que cette interception est la première action directe des Nord-Coréens contre les Etats-Unis depuis août 1969 ! Un avion de l'US Air Force avait alors été détruit par la chasse nord-coréenne alors qu'il se trouvait dans l'espace international. Cette attaque s'était soldée par la mort des 31 Américains à bord de l'avion. L'année précédente, le Nord s'était emparé d'un navire espion américain croisant au large de ses côtes Est et son équipage avait été retenu pendant un an. Cette nouvelle montée de tensions intervient alors que les grandes manœuvres annuelles des armées américaine et sud-coréenne ont commencé mardi près de la ligne démilitarisée. Ces exercices sont destinés à tester la capacité des forces alliées à faire face à une éventuelle attaque des armées du Nord…