Un émouvant hommage a été rendu vendredi dernier au peintre Mohamed Drissi, mort récemment d'une crise cardiaque à Paris. Plusieurs personnes se sont déplacées au carrefour des Arts à Casablanca pour donner une voix à leur émotion. Pas de vente. L'hommage rendu au défunt peintre Mohammed Drissi n'a pas été entaché par des considérations mercantiles. Amicale, conviviale et digne, la soirée du vendredi a rassemblé les amis et les personnes qui ne sont pas restés insensibles à l'annonce de la mort du peintre. Amina Retnani, directrice de la librairie-galerie Carrefour des Arts, a été la première à parler. Elle a plutôt essayé de prendre la parole, puisque sa voix a été vite étouffée par des sanglots. Elle a à peine réussi à balbutier quelques mots pour remercier les nombreuses personnes qui se sont déplacées dans ce lieu et celles qui ont accepté de se séparer des œuvres du peintre – accrochées dans les murs de la galerie. Le jeune poète et peintre Youssef Ouahboune a pris ensuite la parole pour lire un long texte qu'il a écrit après la mort de l'artiste. Il a été interrompu par un éditeur, Dominique Staglianot, qui a appelé de Marseille et qui a tenu à témoigner de l'admiration qu'il avait pour la personne et les tableaux du peintre défunt. Il a dit que l'une des actions dont il est le plus fier, c'est qu'il a permis à Mohamed Drissi de travailler dans un grand atelier qu'il visitait régulièrement pour apprécier le peintre à l'œuvre. Ouahboune a repris ensuite sa lecture pour tout dire de ses rencontres avec le peintre et de la dette spirituelle et artistique qu'il a envers lui. Cette lecture a été appréciée par Maria et Mouhssine, respectivement l'épouse et le fils du peintre. Ce dernier, âgé de 14 ans, a hérité d'un trait sûr de son père. Il dessine déjà des personnages qui font l'admiration des adultes et se prépare à suivre une formation dans une école d'art. Le critique d'art Abdellah Cheikh s'est également associé à l'hommage. Dans une envolée lyrique époustouflante, il a souligné le caractère universel de l'œuvre de Drissi. Certaines personnes présentes ont fait part de leur vœu de voir plus de publications consacrées au peintre. Il existe à cet égard très peu de documentation sur l'œuvre et la personne de Mohamed Drissi. Leïla Chaouni, directrice des éditions Le Fennec, est la dernière personne à avoir pris la parole lors de cette soirée. Elle a déjà publié une petite monographie sur l'artiste dont les toiles ornent au demeurant plusieurs couvertures des livres édités par Le Fennec. Leïla Chaouni a dit que Mohamed Drissi restera toujours vivant dans sa mémoire. Et pour preuve, il a à jamais conditionné sa vision d'une pelle. «Comment pourrais-je désormais regarder une pelle sans le visage dont l'aurait doté le peintre ?», s'interroge-t-elle.