Secrétaire général du MNP, Mahjoubi Aherdan exprime son indignation par rapport à l'opération de débauchage de députés de la Mouvance populaire orchestrée par le Parti de l'Istiqlal. M. Aherdan exprime le fond de sa pensée dans cet entretien. ALM : Le Parti de l'Istiqlal serait en train de débaucher parmi le groupe de la Mouvance populaire au sein de la Chambre des représentants et la Chambre des conseillers au Parlement. Que répondez-vous à une telle attitude ? Mahjoubi Aherdan : Nous avons en effet été informés que l'Istiqlal procédait de la sorte dans plus d'une région du Maroc, notamment celle de Doukkala et de Safi, en menant des contacts avec plusieurs élus appartenant à la Mouvance en vue de leur intégration. Ce que j'en pense est bien simple. Cette attitude est honteuse et risque non seulement de balayer le nouvel esprit dans lequel devrait s'inscrire l'action des partis, mais aussi de raviver un conflit qui nous a pendant des années opposé à l'Istiqlal et que nous avons enterré il y a bien longtemps. Nous pensons cependant que le temps de la mésentente est révolu ainsi que celui des petits calculs. Nous avons une démocratie à construire, et un respect à entretenir les uns vis-à-vis des autres. Et si bataille il doit y avoir, il faut que ce soit au niveau des programmes et des projets de société que chaque parti doit avoir pour ce pays. Ce qui est encore plus étonnant, c'est que l'Istiqlal prend les plus faibles d'entre-nous. Nous, si nous le voulions, nous aurions pris les plus forts. Mais une telle attitude ne correspond ni à notre culture, ni à la manière dont nous nous percevons en tant que parti. Est-ce là une allusion aux députés recrutés ou contactés par l'Istiqlal, dont une bonne majorité est issue de l'Union démocratique (UD) ? Justement. D'ailleurs je ne comprends pas pourquoi. Si nous devions agir de la même manière, je pense qu'on peut prendre les meilleurs députés istiqlaliens. L'Istiqlal se contente de prendre les mauvais grains. Et s'il continue, nous n'allons pas tarder à lui rendre la pareille. A notre manière. Prendre les gens des autres n'est pas dans nos habitudes. Cela ne nous ressemble pas. Ce n'est pas dans notre culture que de laisser de côté les choses sérieuses, importantes pour le présent comme pour l'avenir du pays et s'adonner à des petits jeux et des calculs aussi mesquins qu'inutiles. Ceux qui ne veulent plus faire partie de nous sont totalement libres de leurs actions. Mais de là à ce qu'on cherche à nous nuire, je pense qu'il y a un seuil que certains n'hésitent pas à franchir. Quel est l'enjeu de cette forme de recrutement à votre avis ? La course à la présidence de la Chambre des représentants ? Je pense que ce n'est là qu'une partie de l'enjeu en question. L'Istiqlal se prépare à sa manière aux prochaines élections. Et ses manœuvres ont commencé bien avant que la course à la présidence de la Chambre des représentants ne soit entamée. Mais ce qu'il semble ignorer, c'est que la mouvance populaire est une formation forte, d'abord de ses hommes qui lui sont et seront toujours fidèles et, ensuite, par les valeurs qui fondent son action. De tels actes ne nous affaiblissent en rien. Bien au contraire. Ne craignez-vous pas que cette vague de contacts ne risque de toucher les autres partis de la mouvance, à savoir le MP et le MNP ? Nous n'avons peur ni de l'Istiqlal ni de qui que ce soit d'autre. Ceci pour la simple raison que nous ne sommes quand même pas des moutons ! Pour le moment, nous ignorons ce type d'agissements parce que nous considérons qu'ils relèvent de considérations politiciennes et que la vraie « bagarre » devrait avoir lieu sur le champ de l'authenticité, des valeurs et projets que les partis politiques sont capables de concevoir et mettre en œuvre. Ce qu'il nous faut, c'est le sérieux et le sens de la responsabilité, et non pas des pratiques relevant d'un combat d'arrière-garde et qui n'intéresse qu'une poignée d'intéressés. Qu'en est-il de la présidence de la Chambre des représentants ? La Mouvance, ne pense-t-elle pas à présenter un candidat ? Avez-vous entamé des discussions avec d'autres partis dans cette perspective ? Cela va de soi que nous y réfléchissons sérieusement. Ce n'est pas ma volonté mais celle de tous les membres de partis de la Mouvance. Même si nous n'avons pas encore décidé de la personne à présenter. Nous avons également été approchés par plusieurs partis, parmi ceux qui comptent le plus dans le pays, mais nous n'avons encore entamé aucune négociation. Nous préférons prendre le temps et la mesure aussi bien de notre choix que des voies et moyens de le défendre.