La venue de Sa Sainteté le Pape François au Maroc à l'invitation de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Amir Al Mouminine, est un événement majeur dont les répercussions ne se sont pas encore toutes fait ressentir. Le temps, la distance viendront nous montrer à quel point cette rencontre aura été un événement majeur… Symbole sur le plan international – un chiffre le montre à merveille puisque 1,5 milliard de téléspectateurs ont suivi cette visite, à travers le monde- symbole de paix, symbole religieux, symbole de fraternité en ces temps de barbarie, symbole éminemment politique, symbole d'ouverture mais aussi -il ne faut bien évidemment pas l'occulter- symbole moroco-marocain pour qui prend la peine de décoder les signaux «subliminaux» ô combien importants délivrés tout au long de cette visite papale. Signaux qui montrent certes le sens d'une visite, mais aussi le sens d'une vision, le sens d'une volonté ! SM le Roi, Amir Al Mouminine, a prononcé un discours, donc chaque phrase, chaque paragraphe est un message : Une semaine après cette visite historique, ces mots restent gravés dans mon esprit : – «Les radicalismes, qu'ils soient ou non religieux, reposent sur la non-connaissance de l'autre, l'ignorance de l'autre, l'ignorance tout court». Qui d'un trait résume tout le sens de Votre discours, en effet sur le terrain combien de fois voyons-nous -militants du progrès, du développement et de la modernité intelligente- notre action entravée, dénigrée au nom d'une vision erronée de la religion. Vous ajoutez Majesté : «Ce que tous les terroristes ont en commun n'est pas la religion, c'est précisément l'ignorance de la religion. Il est temps que la religion ne soit plus un alibi pour ces ignorants, pour cette ignorance, pour cette intolérance». Vous venez Majesté de nous rendre une crédibilité dont il nous faut être dignes ! – «Le dialogue tourné vers la «tolérance» aura fait long feu, sans pour autant atteindre sa finalité. Les trois religions abrahamiques n'existent pas pour se tolérer, par résignation fataliste ou acceptance altière. Elles existent pour s'ouvrir l'une à l'autre et pour se connaître, dans un concours vaillant à se faire du bien l'une l'autre». Combien de fois dans nos activités communes nos compatriotes de confession juive se sont-ils -à juste titre- sentis humiliés par ce mot : «tolérance». Vous le dites si bien Majesté, nous n'avons pas à nous «tolérer» les uns les autres mais bel et bien à nous comprendre, nous compléter, nous aimer ! – Merci Majesté pour cette vision généreuse, humaniste, éclairée qui viendra conforter -parfois réconforter- les minorités avec lesquelles nous partageons notre quotidien, que ce soit nos compatriotes juifs ou encore ces «Marocains de cœur» vivant sur notre sol -qui parfois, là aussi par méconnaissance, ignorance ou «sentiments» xénophobes sont victimes de rejet : «En tant que Commandeur des Croyants, Je ne peux parler de Terre d'Islam, comme si n'y vivaient que des musulmans. Je veille, effectivement, au libre exercice des religions du Livre et Je le garantis. Je protège les juifs marocains et les chrétiens d'autres pays qui vivent au Maroc». SM le Roi a aussi transmis, tout au long de la visite du Souverain pontife, des signaux qu'il nous revient à nous de décoder : Merci Majesté d'avoir prononcé Votre discours en 4 langues : qui ne peut (ou ne veut) y voir un signe adressé en faveur de l'enseignement, de la maîtrise, des langues -de plusieurs langues- ? Merci Majesté pour ces 3 voix mêlées dans la psalmodie, le chant, la musique à l'Institut Mohammed VI de formation des imams, morchidines et morchidates. Caroline Casadesus, Smahi El Harati et Françoise Atlan célébrant de si belle façon la spiritualité, essence même de la foi. Merci Majesté d'avoir permis que la jeunesse, à l'Institut Mohammed VI et en d'autres endroits -au cours de la visite- soit mise à l'honneur. Merci Majesté pour cette photo de la Famille Royale – aux côtés de Sa Sainteté le Pape- vêtu si joliment de nos habits traditionnels. La démonstration est limpide : ce n'est pas la religion l'ennemie de la fraternité mais bel et bien la méconnaissance, bel et bien l'ignorance.