Suite à notre enquête sur la séquestration dont aurait été victime Aïcha Labbihi, dans la région de Safi (ALM N°832 du 9 février 2005), sa famille nous a adressé les précisions suivantes. Dans le numéro 832 daté du mercredi 9 février 2005, votre journal a fait paraître un reportage relatif à l'affaire de la séquestration de notre sœur Aïcha Labbihi par son mari Abderrahmane Bennani dans une écurie à Ouled Ali-Tlat Bouguedra, province de Safi pour une durée dépassant les 12 ans. Tout d'abord, nous vous remercions pour l'intérêt que vous avez porté à cette affaire qui continue à défrayer la chronique aux niveaux local et national, eu égard à son caractère abject et inhumain. Toutefois, nous, les frères de la victime, sommes astreints de vous réclamer un droit de réponse conformément aux dispositions du droit de la presse car nous estimons que le reportage réalisé par un de vos journalistes n'a pas été objectif dans sa démarche , ni dans ses conclusions et encore moins dans ses insinuations qui créent l'amalgame et diluent les responsabilités. Voici, Monsieur le rédacteur en chef, notre version des faits conjuguée à nos remarques sur le reportage sus-mentionné. Votre journaliste commence ses «investigations» par la relation de témoignages de personnes qui n'ont rien vu, rien entendu : ce sont plutôt des impressions qui n'ont aucune valeur testimoniale. Votre reporter aurait dû, s'il l'avait vraiment voulu faire de la proximité et demander directement aux proches voisins, et ce, soit à Safi au quartier Anas (rue 37 n° 10) ou encore mieux au douar Ouled Ali, là où notre sœur Aïcha a été détenue contre son gré dans des conditions dégradantes. En face de ce lieu de détention, des voisins étaient prêts, surtout après l'éclatement au grand jour de l'affaire, à révéler ce que le journaliste d'Aujourd'hui Le Maroc n'a pas vraisemblablement voulu rendre public, concernant les conditions de vie d'une femme marocaine séquestrée par son conjoint. Dans le même article, plusieurs aberrations ont été colportées et nous osons espérer que c'était par pur manque de précision et de recoupement de l'information, car dans l'autre cas, la chose serait trop compromettante pour la crédibilité de l'ensemble: à titre d'exemple, l'on rapporte que l'un des frères d'Aïcha est résident en Hollande, tandis qu'il est, en fait, résident en Angleterre. Cela peut paraître sans incidence mais lorsqu'on affirme que le fils de la victime a 19 ans, alors qu'il est encore mineur (17), les choses ne sont plus les mêmes. La vérité est que notre sœur a épousé en 1983 A. Bennani (sans consulter sa famille). En 1991, elle a eu son 2ème enfant que Dieu a voulu qu'il soit handicapé. Son mari le lui a retitré, ce qui n'a pas manqué d'avoir une incidence sur son mental : elle a même dû quitter la maison conjugale pour se réfugier chez une de nos sœurs qui l'a emmenée consulter des médecins à Marrakech. Aïcha proférait alors des paroles contre son mari qui ont alors été mises sur le compte de l'émotion, mais qui ont pris tout leur sens après. Retournée chez son mari, notre sœur disparaît à partir de 1992. Depuis lors, une longue démarche a été entreprise par nous afin de la revoir. Mais devant plusieurs stratagèmes dilatoires de la part du conjoint, le temps passait inexorablement. Parmi les ruses utilisées pour nous empêcher de la revoir : «Elle est en voyage», «Elle ne veut voir personne» ou encore «Elle vient de porter plainte contre vous pour une histoire d'héritage». Le résultat était invariable : nous ne pouvions pas la voir. Le dernier retour au pays de notre frère Abderrazaq (d'Angleterre) a été l'épisode final de ce drame : il a tellement insisté pour revoir notre sœur qu'il a suivi toutes les fausses indications du mari jusqu'au bout pour mettre les points sur les «i» : il est allé s'enquérir à toutes les adresses données avant de revenir et de porter plainte auprès de la Gendarmerie royale de Bouguedra qui, sur instruction du parquet de Safi, a fait le nécessaire et a pu enfin libérer Aïcha de son cachot –des écuries sans lumière- après une détention de 12 ans, nous le confirmons. Actuellement, l'affaire est devant le tribunal de Safi qui a, justice oblige, illico presto classé l'affaire en tant que crime et non simple délit. De plus, nous voulons apporter une dernière information dans cette affaire sordide, celle-ci concerne l'engagement de la société civile locale en la personne de l'Association féminine pour la lutte conte la violence à l'égard des femmes » pour apporter toute l'aide et l'assistance requises à la victime : on était en droit d'attendre la même chose de la part des médias… N.B : Bennani a déclaré que le mariage a été célébré en présence des membres des deux familles !!! Aucun membre de notre famille n'était présent. Toute la famille ignore ce qui s'était passé. Bennani déclare qu'il a eu l'accord de notre mère en 1987 mais, en fait, celle-ci est décédée en 1980. Il a déclaré aux gendarmes qu'il s'était marié avec notre sœur en 1983 et pas en 1987. En plus notre regrettée mère n'a jamais mis les pieds au douar Oulad Ali. • El Bouihi El Habib