Depuis le début de la semaine, les troupeaux de moutons font partie du paysage de la capitale économique. L'Aid El Kébir est dans quelques jours, mais rien n'est encore clair côté prix. L'heure est toujours à la contemplation. Les souks temporaires pour la vente des moutons sont ouverts. Un tour rapide à travers ces souks révèle l'importance de l'offre ce qui n'empêche pas les prix d'être très au-dessus de la moyenne ; peut-être parce qu'il reste encore quelques jours de répit avant la fête. Mais à titre officiel, les services compétents l'ont déjà annoncé. Il y a assez de têtes pour que la fête se passe sans encombre. La demande, sur les ovins et caprins pour la fête d'Aid Al Adha1423, est estimée, selon le ministère de l'Agriculture, à 5,03 millions de têtes. Cette demande ne devrait pas subir de pression significative étant donné que les disponibilités sont de l'ordre de 5,8 millions de têtes. Les transactions effectuées à l'occasion devraient dégager un chiffre d'affaires de l'ordre de 7 milliards de dirhams, selon les estimations. L'offre, ajoute le ministère de l'Agriculture, qui devrait correspondre exactement à la demande sur les ovins, 4,7 millions de têtes, serait excédentaire pour les caprins. La demande sur les ovins mâles, qui devrait représenter entre 85 et 90 % du total à sacrifier, est de l'ordre de 4 à 4,2 millions de têtes, pour des disponibilités estimées à 4,3 millions de têtes, dont 4,08 millions de plus de six mois. Pour les ovins femelles, l'offre est de 1,17 million de têtes, alors que la demande oscille entre 500.000 à 700.000 têtes. Au cours de cette semaine, des propriétaires de troupeaux se sont arrangés pour louer des locaux où ils exposent leurs moutons (hangar, magasin, dépôt) pour la circonstance. Ces locaux se trouvent surtout aux quartiers populaires et aux environs des abattoirs. Un garage de cinquante mètres carré peut coûter jusqu'à 1800 dirhams par mois, hébergeant en même temps troupeaux et propriétaires qui sont en général au nombre de trois personnes. Ces vendeurs sont de redoutables commerciaux, bien que leur apparence évoque la compagne et les bergers ignorants camouflés dans leurs djellabas. D'autant plus que le téléphone portable a fait son entrée en force dans le marché des moutons comme partout d'ailleurs. Le bâton dans une main pour surveiller les bêtes, le cellulaire dans l'autre le vendeur peut vous briefer sur le prix du mouton de l'Aid à travers tout le royaume, race et région comprises. L'acheteur n'a aucune chance en comptant aller un peu loin de la périphérie pour faire une bonne affaire chez un éleveur éloigné de la ville. Jusqu'à aujourd'hui, à de rares exceptions, les prix varient entre 1500 et 3500 dh, que ce soit à sidi Moumen, à Tit Mellil et n'importe où ailleurs. Mais l'ambiance générale n'est pas la même que lors de l'année dernière en raison des débuts encourageants et annonciateurs d'une bonne saison agricole en perspective. Ce qui n'exclut pas les craintes manifestées par les citoyens. Car pour les mêmes raisons, les prix risquent de connaître une hausse inattendue. En attendant, la capitale économique a rendez-vous avec le supplice annuel qui caractérise l'atmosphère de l'Aid Al Adha. Dorénavant, les Casablancais doivent s'accoutumer à voir des tas de fumier qui viendront s'ajouter au paysage, déjà investi par les ordures et les détritus partout dans le Grand Casablanca. C'est prévu, mais rien ne sera fait, comme d'habitude.