Poursuivant son « rôle » de messager de la liberté et de la démocratie dans le monde, le président américain ne ménage aucun effort pour gagner le soutien des dirigeants européens. Le président américain a participé, hier à Bruxelles, au sommet de l'Otan avec les dirigeants des 26 pays membres, en présence de leur homologue ukrainien Viktor Iouchtchenko. Georges Bush a également pris part à un deuxième sommet, qui l'a réuni avec les dirigeants et chefs de gouvernements de l'Union européenne. Auparavant, George W. Bush avait rencontré le Premier ministre britannique Tony Blair. "L'Otan est un lien vital pour les Etats-Unis et pour l'Europe. Une Europe forte est très importante pour les Etats-Unis, et je le pense sincèrement", a dit Bush après son petit-déjeuner avec Blair, son plus proche allié européen. En arrivant au siège de l'Alliance atlantique, Bush avait la ferme intention d'obtenir un engagement de l'OTAN pour aider à la formation de nouvelles forces de sécurité dans l'Irak d'après-guerre. Bush ambitionnait également de défendre son point de vue sur le dossier iranien, afin d'obliger Téhéran à mettre un terme à ses ambitions nucléaires. En effet, la visite du président américain s'inscrit dans le cadre d'une réconciliation bilatérale entre les Etats-Unis et les pays de l'Union européenne. Cette réconciliation fait suite aux divergences qui ont marqué les relations entre les deux parties, depuis deux ans, suite au début des attaques militaires contre l'Irak. Le président des Etats-Unis avait entamé sa tournée européenne par un discours d'unité adressé aux Européens. "L'Amérique soutient une Europe forte parce que nous avons besoin d'un partenaire solide dans la dure mission de faire avancer la paix et la liberté dans le monde", a-t-il dit. Il a invité les Européens à entrer dans "une nouvelle ère d'unité transatlantique" et a signé de façon spectaculaire son rapprochement avec Jacques Chirac. Effectivement, les deux présidents se sont rencontré, lundi dernier, à la résidence de l'ambassadeur des Etats-Unis à Bruxelles, pour tisser de nouveaux liens entre les deux pays, en laissant derrière eux les divergences du passé. Au cours de leur entretien, suivi d'un dîner, les deux présidents ont cité les nombreux domaines dans lesquels Français et Américains coopéraient étroitement sans citer, à aucun moment, la guerre en Irak, principale pomme de discorde depuis 2002 entre les deux pays. Le président français a, bel et bien, reconnu qu'ils pouvaient avoir des "divergences de vues (…)Nous en avons eu une récemment sur l'Irak. Nous l'assumons", a-t-il dit. De fait, leur réconciliation est passée par la même volonté d'œuvrer ensemble sur le dossier libanais. Dans la même soirée, le président américain a publié une déclaration commune avec son homologue français appelant "à la mise en œuvre complète et immédiate de la résolution 1559 du Conseil de sécurité des Nations unies", qui réclame le retrait de toutes les forces étrangères présentes au Liban et vise implicitement la Syrie. Bush était venu à Bruxelles avec sa vision de la propagation de la démocratie au Moyen-Orient, encourageant les efforts de paix israélo-palestiniens. En appelant les pays arabes "à se réformer de l'intérieur" au lieu de "faire porter la responsabilité à d'autres", dans un message plus encourageant que menaçant adressé, respectivement, à l'Arabie saoudite et à l'Egypte, le président Bush s'est montré, par ailleurs, beaucoup plus dur en évoquant la Syrie et l'Iran. Damas, a-t-il dit, "doit cesser de soutenir des groupes terroristes cherchant à anéantir les espoirs de paix entre Israéliens et Palestiniens" et "doit mettre fin à son occupation du Liban". La tournée de George W. Bush se poursuit, aujourd'hui, à Mayence en Allemagne pour rencontrer le chancelier Gerhard Schröder et, jeudi, pour s'entretenir avec les dirigeants slovaques puis avec le chef de l'Etat russe Vladimir Poutine, à Bratislava.