Noureddine Médiane, 1er vice-président de la Chambre des Représentants et député istiqlalien d'Al Hoceima, réagit au sujet de l'augmentation des salaires des parlementaires. ALM : Depuis quelques jours, tout le monde parle d'une éventuelle augmentation des salaires des parlementaires. Qu'en est-il exactement? Noureddine Médiane : Il n'y a encore rien d'officiel. Ce ne sont que des paroles. Le bureau de la Chambre des Représentants n'a reçu aucun projet de loi dans ce sens. Peut-être qu'un accord verbal a été conclu entre le Président de la Chambre et le gouvernement. Mais de toute façon, d'un point de vue officiel, ce ne sont que des paroles. Si cela se confirme par la suite, qu'en penseriez-vous? Ce serait commettre une grave erreur. L'ensemble des groupes parlementaires ainsi que le bureau de la Chambre ont, depuis plus de deux ans, soulevé le problème de l'amélioration des moyens de travail des parlementaires. Je pense bien entendu à l'aspect financier, mais également aux bureaux, aux fonctionnaires… tout en instaurant un cadre dans lequel les parlementaires pourront participer à l'efficacité de l'action de l'institution législative. Aujourd'hui, le gouvernement veut octroyer aux députés une augmentation de 6.000 DH à tous les députés, après leur avoir ôté des avantages sur le transport ferroviaire et aérien ainsi que dans le domaine douanier. Il n'y a donc pratiquement aucune augmentation, doublée d'une injustice envers les députés les plus assidus. Vous êtes donc opposé à cette mesure? Je pense qu'effectivement l'action parlementaire mérite d'être soutenue financièrement par l'Etat. Aujourd'hui, le parlementaire touche 30.000 DH, après le paiement de la prime de retraite, il ne lui reste plus que 25.000 ou 26.000 DH. Certains députés viennent des quatre coins du Maroc. Personnellement, je suis député d'Al Hoceima et je peux vous assurer que cette somme ne suffit pas à couvrir tous les frais car je me déplace chaque semaine entre Rabat et Al Hoceima et je suis responsable financièrement de 35 sections communales du parti. Sans compter d'autres dépenses à caractère social. Ceci pour vous dire que l'augmentation doit être proportionnelle à l'effort fourni par chaque député. De quelle manière s'opèrera cette augmentation? Avant tout, je tiens à préciser que l'action du parlementaire est avant tout de la sphère du bénévolat. Mais cela ne l'empêche pas, compte tenu de sa mission particulière, de recevoir une aide de la part de l'Etat. A ce titre, mon idée est de diviser le salaire des parlementaires en deux tranches. La première sera fixe et ne dépassera pas les 10.000 DH. Quant à la seconde tranche, elle augmentera en fonction de la participation et la présence de chaque élu aux travaux des Chambres, que ce soit celle des Conseillers que celle des Représentants. Dans ce cas, la majorité des parlementaires ne toucheront que le minimum. Vous avez entièrement raison. L'absentéisme des parlementaires est un fléau qu'il va falloir combattre par tous les moyens. Sur les 325 députés, seule une cinquantaine sont assidus. Par sanction, je serai d'accord pour que les salaires des absents soient amputés. Mais le malheur, c'est qu'aujourd'hui le gouvernement veut octroyer une même augmentation pour l'ensemble des parlementaires. Je trouve cela injuste envers ceux qui travaillent sérieusement. Alors que d'autres se contentent d'assister à l'ouverture de la législature et disparaissent ensuite toute l'année. Qelle solution préconisez-vous pour mettre un terme à cette injustice? Nous avons dans le projet de règlement intérieur une disposition très intéressante. Mais je ne pense pas que les groupes parlementaires vont l'accepter. Il s'agit justement d'octroyer des primes eux plus méritants et de sanctionner financièrement les absentéistes. Nous parlons depuis des années de la moralisation de la vie publique et de la rationalisation des dépenses de l'Etat: le parlementaire doit être le premier à en donner l'exemple. Qui fixe le salaire des parlementaires? Jusqu'à présent, les salaires des députés et des Conseillers ne sont pas fixés par une loi mais par un décret. Cette dernière augmentation, si elle se confirme, serait une preuve que le gouvernement ne prend pas avec suffisamment de sérieux les dépenses qu'il engage. En outre, je me demande pourquoi octroyer une augmentation à un député qui a dépensé 1,5 milliard de centimes lors de sa campagne électorale. Ce type d'élu ne connaît même pas son rôle au sein de l'institution parlementaire. Et pourtant, il sera, lui-aussi, augmenté.