Le ministère de l'Intérieur compte soutenir une association fraîchement créée regroupant l'ensemble des présidents des conseils provinciaux et préfectoraux du Maroc. La ville de Laâyoune a été, samedi dernier, le lieu de rendez-vous de tous les présidents des conseils provinciaux et préfectoraux du Maroc. Ces collectivités locales, contrairement aux régions et aux communes, sont véritablement méconnues. Leurs prérogatives sont peu claires et leur utilité encore moins. A titre d'exemple, c'est le conseil préfectoral du Grand Casablanca qui a financé la police de proximité dans la capitale économique en injectant pas moins de 26 millions de DH dans ce programme. En somme, le conseil préfectoral qui englobe plusieurs communes, a une vision globale. Son but est de réfléchir et financer des projets d'intérêt général. Ce déplacement sahraoui, réalisé grâce au soutien du ministère de l'Intérieur et plus particulièrement de la direction générale des Collectivités locales, s'est tenu sous l'égide de l'Association des présidents des Conseils provinciaux et préfectoraux du Maroc (APCPP). Cette association fraîchement créée, dont le siège se trouve à Rabat dans le quartier Hassan, s'est donné comme objectif de soutenir l'action des présidents conseils provinciaux et préfectoraux du Maroc, longtemps marginalisée par les textes et la pratique. Par les textes d'abord, car la loi 79-00 promulguée en octobre 2002, a octroyé aux conseils provinciaux et préfectoraux des prérogatives claires et importantes. A titre d'exemple, le budget du Conseil n'est plus préparé par le gouverneur mais par les élus eux-mêmes. Toutefois, l'agent d'autorité a conservé le statut d'ordonnateur. En d'autres termes, c'est lui, et non pas le président du Conseil, qui dépense ce budget. Cette situation contradictoire avec l'esprit de la décentralisation avait donné lieu à des situation aberrantes, où des présidents de conseils provinciaux et préfectoraux n'avaient même pas de bureau. Aujourd'hui, la loi a partiellement rétabli les présidents des Conseils dans leurs droits. S'ils sont incapables de dépenser leur budget (souvent beaucoup plus important que celui de la commune et de la région), ils ont cependant la prérogative de décider de l'affectation des fonds, ce qui milite en définitive le champ d'action des gouverneurs. « Ceci en théorie, car dans la pratique le gouverneur a tout à fait les moyens de faire pression sur le président ou les autres membres du Conseil préfectoral ou provincial pour que le vote du budget soit réalisé dans le sens qu'il désire, lui », assure un participant à cette assemblée générale de l'APCPP. En tout cas, la présence de Saâd Hassar, DG des Collectivités Locales et de hauts cadres du ministère de l'Intérieur, tels que Brahim Boufous, directeur des Elections, a été perçue comme un signal fort à l'adresse de tous les gouverneurs du Maroc pour que le statut des présidents des Conseils provinciaux et préfectoraux soit reconsidéré. Lors de leurs discussions, Saïd Oulbacha, secrétaire d'Etat chargé de la Formation professionnelle, et par ailleurs président du Conseil préfectoral de Rabat, a proposé aux membres de l'APCPP de prévoir dans les budgets de chacun des 67 Conseils que compte le Royaume, un aide annuelle de l'ordre de 50.000 DH, ce qui permettra à l'association d'obtenir une enveloppe non négligeable de l'ordre de 3,35 millions de DH. Pour la petite histoire, l'intérêt que le ministère de l'Intérieur porte à l'APCCP a été multiplié par dix à la suite d'un exploit réalisé en Espagne par deux présidents de Conseils des provinces de Nador et de Tan Tan, respectivement Mohamed Boujida et Ali Mezliki. En janvier dernier, alors qu'ils participaient à un Forum international sur les Autorités locales (c'est-à-dire les élus) qui se tenait Malaga, ils ont été surpris par la programmation, à la dernière minute, d'une intervention du président de la fantomatique république sahraouie. Les deux présidents marocains, malgré la présence du séparatiste en chef, ont réussi, à eux deux seulement, à supprimer toute allusion au polisario dans la déclaration finale du Forum et ce malgré les énormes pressions réalisées par les dizaines d'associations espagnoles pro-polisario. Malgré les divers problèmes toujours en suspens, l'ensemble des présidents présents à Laâyoune ont convenu de donner à cette première grande réunion un aspect avant tout symbolique. Et pour cause, cette première assemblée générale a permis à tous les présidents des Conseils provinciaux et préfectoraux de faire connaissance les uns avec les autres. « S'en est découlée la naissance d'un véritable sentiment d'appartenir à une seule et même famille », a souligné Mohamed Mansouri, président de l'APCPP et du conseil préfectoral de Khénifra.