L'ambassadeur du Maroc en Côte d'Ivoire a été rappelé pour consultation. La raison en est la réaction de la présidence de ce pays, qui a nié que la délégation ivoirienne, reçue par SM le Roi, ait demandé au Souverain de mener des efforts de médiation dans la crise ivoirienne. Étrange revirement que celui opéré par la présidence ivoirienne. Un piètre revirement qui ne pouvait avoir comme conséquence que le rappel en consultation, sans autre forme de procès, de l'ambassadeur du Maroc à Abidjan. À l'origine de la réaction du Royaume, le démenti de la présidence ivoirienne quant à l'objectif de la délégation dépêché auprès de SM le Roi Mohammed VI. Pour rappel, le Souverain avait reçu, mercredi dernier au Palais royal de Casablanca, une délégation ivoirienne conduite par Sangare Abou Drahamane, premier vice-président du Front populaire ivoirien et émissaire de Laurent Gbagbo, président de la République de Côte d'Ivoire. Après avoir transmis au Souverain un message du président Gbagbo, portant sur les derniers développements de la situation en Côte d'Ivoire, l'émissaire ivoirien a fait part au Souverain de la sollicitation particulière, de la part du président Gbagbo, afin que SM le Roi mène des efforts de médiation pour la résolution de la crise en Côte d'Ivoire. Pour sa part, le Souverain avait réitéré «l'importance particulière accordée par le Maroc à la stabilité et à la paix en Côte d'Ivoire, ainsi qu'à l'unité de son peuple frère et à la réconciliation entre ses différentes composantes». À peine ladite délégation est-elle rentrée à Abidjan, c'est à un autre discours auquel elle s'est livrée, tout comme la présidence ivoirienne, avançant sans vergogne que la délégation en question n'était porteuse d'aucun message sollicitant la médiation du Souverain. Abou Drahamane Sangaré a a en outre affirmé que son initiative est à inscrire sur le compte du Front populaire ivoirien. Plusieurs tergiversations plus tard, les déclarations émanant d'Abidjan semblent relever plus de la mauvaise foi que d'autre chose. Une sortie d'autant plus caricaturale que la demande a été confirmée par le chef de la délégation ivoirienne, dans une déclaration aux deux chaînes de télévision nationales, à l'issue de l'audience royale. La réponse du Maroc ne s'est pas faite attendre et le Royaume a aussitôt rappelé en consultation son ambassadeur à Abidjan. «Le Maroc a décidé de rappeler pour consultation l'ambassadeur de SM le Roi à Abidjan, dans l'attente d'explications appropriées des autorités ivoiriennes», indique un communiqué du ministère des Affaires étrangères et de la coopération, repris par l'agence MAP. «Le Royaume du Maroc s'étonne vivement de la réaction exprimée ce jour par la présidence ivoirienne, niant que la délégation ivoirienne reçue à Casablanca par SM le Roi Mohammed VI, ait demandé au Souverain de mener des efforts de médiation pour le règlement de la crise ivoirienne», souligne le communiqué qui vient mettre les points sur les «i». Derrière ce revirement, qui est tout sauf spectaculaire, l'on décèle clairement la main de Pretoria, dont les pressions sur Laurent Gbagbo avaient pour fin la mise en scène de toute cette mascarade. Les appétences sud-africaines de leadership sur le Continent Noir ne datent pas d'hier. Les actions hostiles de Pretoria envers Rabat se sont multipliées ces derniers temps avec, comme summum de malveillance, la reconnaissance par l'Afrique du Sud de la prétendue RASD. En tournant le dos à la médiation du président sud-africain, Thabo Mbéki, c'est un coup fatal que le pouvoir ivoirien venait de porter à l'Afrique du Sud. Ne sachant plus à quel saint se vouer et, surtout, faisant preuve d'une légèreté sans égal, Abidjan se fendra dans le démenti de sa démarche, multipliant les contradictions dans les dédales desquelles il se perdra, sachant que les contradictions ne pardonnent pas en politique.