Selon M. Zaghnoun, «malgré les progrès considérables réalisés en matière de promotion de l'épargne, il y a lieu de faire le constat que le niveau actuel de cette dernière a connu un certain tassement, autour de 27-28%, et n'est guère suffisant pour répondre aux besoins de financement de l'économie». «Le développement de l'épargne ne peut se faire sans la promotion de l'inclusion financière qui est une composante de celle sociale». Les propos d'Abdellatif Zaghnoun, lors de la célébration pour la 1ère fois au Maroc, mercredi à Rabat, de la journée mondiale de l'épargne, sont tels une clé de voûte. Ils le sont puisqu'ils encouragent à l'épargne tout en recourant à une panoplie de mécanismes existants. Le directeur général de la Caisse de dépôt et de gestion (CDG), qui saisit son passage pour annoncer le lancement avec Al Barid Bank (Poste Maroc) du produit «Sakane Tawfir», destiné à une clientèle à revenu irrégulier pour lui permettre de constituer une épargne progressive afin d'acquérir ou de construire un logement, avance des données chiffrées relatives à l'épargne. Tassement de l'épargne autour de 27-28% «Malgré les progrès considérables réalisés en matière de promotion de l'épargne, il y a lieu de faire le constat que le niveau actuel de cette dernière a connu un certain tassement, autour de 27-28%, et n'est guère suffisant pour répondre aux besoins de financement de l'économie», détaille M. Zaghnoun. Dans cette lignée, il précise qu'au titre de 2018, le taux d'épargne nationale a baissé de 28,7% du PIB en 2016 à 28,3% en 2017 et qu'il s'établirait à 28% en 2018. A son tour, le wali de Bank Al-Maghrib a abondé dans le sens des chiffres. «Au Maroc, selon les comptes nationaux annuels publiés par le HCP, l'épargne des ménages se situe autour d'une moyenne de 14% de leur revenu disponible brut», indique Abdellatif Jouahri. Pour le wali de la banque centrale, ce taux est élevé par rapport à d'autres pays. Cependant, il ne faut pas se leurrer. A son sens, ce taux élevé est dû au revenu des ménages marqué par «la faiblesse des cotisations» et «le poids relativement important des transferts des Marocains résidant à l'étranger qui en représente en moyenne près de 15%». Ainsi, le taux d'épargne serait, comme il le déduit, «plus faible». Par l'occasion, M. Jouahri évoque les derniers chiffres de l'enquête de conjoncture du HCP au titre du 3ème trimestre 2018. Il en ressort, pour rappel, que seuls 3,8% des ménages déclarent épargner une partie de leur revenu. Changer de mentalités vis-à-vis de l'épargne ? Le wali de Bank Al-Maghrib ne manque pas de livrer également un constat autour de certains comportements à l'égard de l'épargne. «C'est une sorte de paradoxe que nous constatons aujourd'hui entre un système financier développé et une demande limitée pour les services financiers. L'un des grands défis auxquels nous sommes confrontés donc est de ramener les Marocains à utiliser les services financiers et à mettre leur épargne au service de l'économie», tempère-t-il. Mieux encore, il met en avant l'apport des nouvelles technologies. «La révolution digitale nous offre aujourd'hui d'immenses opportunités pour avancer dans ce domaine», ajoute-t-il. Les offres d'Al Barid Bank De son côté, Ahmed Amin Benjelloun Touimi, directeur général du Groupe Poste Maroc, met en avant les offres de sa structure en matière d'épargne. Il s'agit, selon ses dires, de «Taoufir El Ghad», un package destiné aux clients de la Caisse d'épargne nationale en leur permettant d'avoir des comptes bancaires digitalisés. Pour lui, «l'épargne transformée en investissement accompagne l'économie du pays et reste le moyen financier le plus stable». Regards du Conseil économique, social et environnemental Egalement de la partie, Driss Guerraoui, secrétaire général du Conseil économique, social et environnemental, estime que «la seul alternative saine et durable consiste en la capacité nationale à revoir les conditions politiques et socio-économiques pour créer de nouvelles niches». A ses yeux, l'épargne n'est pas un acte uniquement économique mais aussi «un comportement culturel». M. Guerraoui, qui met à son tour l'accent sur les niches à explorer dans le digital et le financement alternatif, propose, entre autres, une solution marquante. «Agir sur le comportement des épargnants, c'est se doter d'un système de protection sociale», estime-t-il.