Ex-dirigeant et membre fondateur de l'OADP, actuellement coordinateur des avocats de l'USFP à Casablanca, Mohamed M'rini évoque, dans cet entretien, l'avenir de la Koutla. Aujourd'hui Le Maroc : La Koutla existe-t-elle toujours ? Mohamed M'rini : Théoriquement, la Koutla existe. Mais sur un plan concret, elle est en état de léthargie. Cela est dû à la suspension des activités de cet ensemble. Ce gel est intervenu lentement et sur une assez longue période. Après le succès de la candidature commune entre l'USFP et l'Istiqlal lors des élections législatives de 1993, ce dernier parti a été puni à l'occasion des législatives de 1997. Mais encore… Dès lors, on a encouragé l'idée de mettre en place une majorité gouvernementale sans l'un des deux partenaires principaux de la Koutla. Les contradictions qui opposent l'USFP et l'Istiqlal ont fini par rejaillir sur la scène politique : la conduite du gouvernement par un Premier ministre technocrate et la montée en force du PJD dans les élections législatives du 27 septembre 2002. À votre avis, l'USFP et l'Istiqlal ont-il tiré la leçon de cette situation ? Certainement oui. Autre constat issu des dernières législatives, la dégringolade des partis de l'administration toutes tendances confondues. Nous avons aussi pu observer à cette occasion la nouvelle propension de l'électeur marocain : le vote de celui-ci pour les grands partis avec une préférence très nette pour trois pôles : le socialiste (USFP), le national (Istiqlal) et l'islamiste (PJD). La Koutla compte-t-elle présenter un candidat commun lors des prochaines élections communales ? Cette possibilité existe d'autant plus que le mode de scrutin retenu pour ces échéances est un scrutin mixte : la liste dans les villes et l'uninominal à un seul tour dans les campagnes. Cette coordination des efforts électoraux dépend, bien entendu, du couple USFP-Istiqlal qui est la locomotive de la Koutla. À votre avis, la redyanmisation de l'action de la Koutla passe-t-elle par son élargissement à d'autres membres de la même famille politique ? La coalition démocratique est indispensable. Mais il n'en reste pas moins que la réanimation de la Koutla et son élargissement éventuel resteront un vœu pieux tant que la chaleur ne sera pas revenu aux rapports entre l'USFP et l'Istiqlal. C'est un préalable incontournable. Comment voyez-vous l'issue des prochaines communales ? Je pense que les élections législatives du 27 septembre ont donné naissance à une nouvelle carte politique. À la faveur de la transparence qui a marqué ce rendez-vous, les choses sont devenues un peu plus claires qu'elles ne l'étaient par le passé. À mon sens, si la Koutla rassemble ses forces dans le cadre d'une vraie union, elle sera la première force politique du pays.