Le ministère de l'éducation nationale vient de dévoiler l'ouverture, dans les semaines et mois qui viennent, d'une grande opération de départs volontaires et de mise en disponibilité. La démarche est plus qu'étonnante et à plusieurs titres. D'abord, il y a une grande réforme cruciale actuellement en marche dans laquelle le Maroc a besoin de toutes ses compétences en matière d'éducation et plus particulièrement les personnes disposant de longue expérience en la matière. Or, ces compétences expérimentées sont celles-là mêmes qui risquent d'être les premières concernées par les départs volontaires parce que généralement proches de l'âge de la retraite. Comment peut-on raisonnablement prétendre à une réforme si les jeunes recrues ne trouvent pas les anciens chevronnés pour les coacher et les accompagner? Cela est d'autant plus dangereux que, d'un autre côté, la pyramide des âges du ministère de l'éducation nationale démontre que c'est le département le plus vieillissant parmi toutes les administrations publiques. Selon le dernier rapport statistique officiel de la fonction publique, 40% des effectifs de l'éducation nationale sont âgés de 45 ans et plus contre une moyenne de 25% pour les autres départements les plus surpeuplés comme l'intérieur, la santé, les finances ou la justice. Presque 39.000 fonctionnaires de l'éducation nationale iront à la retraite d'ici 2021. Si à ce mouvement naturel on doit rajouter des départs volontaires, probablement massifs vu la démographie du ministère, et quand bien même le ministère recruterait une armée de jeunes contractuels, la réforme s'en trouvera sérieusement compromise.