Après un match homérique, le Marocain Younès El Aynaoui (N.18) a réalisé l'exploit de se hisser en quarts de finale des Internationaux d'Australie de tennis. En battant le numéro un mondial, Lleyton Hewitt. Au bout d'un duel époustouflant de 3 heures et demie, le Marocain Younès El Aynaoui (tête de série n°18) est venu lundi à bout du numéro un mondial de tennis, Lleyton Hewitt en quatre sets 6-7 (4/7), 7-6 (7/4), 7-6 (7/5) et 6-4 en huitièmes de finale des Internationaux de tennis d'Australie, qui se déroulent à Melbourne. Et du même coup, l'enfant de Rabat, qui arbore une coiffure à la « rasta », a mis fin au rêve de Lleyton Hewitt d'être le premier Australien depuis 1976 à remporter les Internationaux d'Australie de tennis. Ce qui a jeté un froid sur le court central de Melbourne. Mais le public, très fair-play, a néanmoins tenu à applaudir la performance du Marocain, qui a été très sollicité pour la signature d'autographes à l'issue de sa victoire. Styliste au registre très complet, qui a gagné cinq titres dans sa carrière, (vainqueur des tournois d'Amsterdam en 1999, Bucarest en 2001, Doha, Casablanca et Munich en 2002), El Aynaoui accède pour la deuxième fois en quatre ans aux quarts de finale des Internationaux d'Australie. Son meilleur résultat dans un tournoi du Grand Chelem avec son quart à l'US Open l'an dernier, perdu face à... l'Australien Lleyton Hewitt en quatre manches. Il avait survécu miraculeusement au premier tour. Il était en effet mené 2-6, 4-6, 6-4, 1-0 face à Justin Gimelstob (106e mondial), quand l'Américain, pris de crampes, avait abandonné. De fait, le match marathonien qui a opposé le Marocain à l'Australien s'est résumé à une farouche bataille de services, Hewitt totalisant longtemps 100% des points avec sa première balle, alors que El Aynaoui, en état de grâce, alignait 33 aces. Les deux hommes jouaient si bien et tenaient si bien leur service qu'il a fallu attendre 3 heures 16 minutes de jeu avant que Younès El Aynaoui réussisse le premier et unique break de la partie, pour mener 4-3 dans le dernier set. On n'avait compté jusque-là que cinq balles de break : deux pour Hewitt et trois pour El Aynaoui. A l'issue de sa victoire, l'élégant marocain, âgé de 31 ans, qui n'a pratiqument pas commis de fautes directes, a déclaré qu'il avait bien servi pendant tout le match. «Le plus difficile pour moi, a-t-il ajouté, est de me maintenir à un haut niveau pendant quatre sets, voire cinq sets. J'y suis arrivé aujourd'hui. Lleyton m'a un petit peu aidé en me donnant quelques points qu'il n'a pas l'habitude de donner. Je pense qu'il n'a pas joué son meilleur tennis. J'ai entraperçu ma chance et je l'ai saisie. Il est resté dangereux jusqu'au bout en ayant une balle de break pour revenir à 5-5. Mais généralement, je ne suis pas mauvais pour terminer un match. Ma victoire est peut-être une surprise pour beaucoup de gens. Qui me connaît dans le monde? Mais ceux qui connaissent un peu le tennis savaient que j'avais ma chance aujourd'hui». Mais déjà, Younès El Aynaoui, 1m93 pour 83 kilos, se concentre sur son prochain match qui l'opposera au tour suivant à l'Américain Andy Roddick (N.9), vainqueur du Russe Mikhail Youzhny (N.25) 6-7 (4/7), 3-6, 7-5, 6-3, 6-2. La partie ne sera certes pas facile. Mais, honnêtement, qui, avant le match, aurait parié un seul dirham sur les chances du Marocain de l'emporter devant l'Australien ? Autrement dit, en tennis rien n'est joué d'avance et à ce niveau-là, tous les joueurs se valent. Et la victoire revient au plus fort sur le plan du mental, mais aussi à celui qui s'applique le plus. La victoire sur Hewitt devrait pouvoir aider le Marocain, qui sait se retrouver dans les grandes occasions, à se transcender encore plus.