Premier arbitre marocain international, Abdelkrim Ziani est l'un des grands arbitres qui ont marqué l'histoire du football national. Dans cette interview, cet ex-basketteur revient, avec beaucoup de nostalgie, sur son parcours et les événements qui l'ont marqué. ALM : A quand remonte votre premier sifflet ? Abdelkrim Ziani : J'ai commencé à jouer au basket au MSR de Rabat et ce n'est qu'en 1952 que j'ai commencé à arbitrer les matches de football. S'il y a quelqu'un qui a marqué mes débuts, c'est Toupry, président de la commission d'arbitrage. Ce dernier a veillé à la formation des premiers arbitres marocains et je n'oublierais jamais le premier arbitre marocain qui est feu Boubker Lazrak et aussi Mohammed Boukili, le deuxième arbitre marocain à obtenir le grade d'international. Quand est-ce que vous avez obtenu le grade d'international? C'était en 1958. J'avais l'honneur d'être le premier Marocain à devenir arbitre international. Mohammed Boukili, lui, m'a rejoint en 1960. Combien de rencontres avez-vous dirigé tout au long de votre carrière ? Je ne peux avancer aucun chiffre. De 1952 à 1976, j'ai arbitré 54 rencontres internationales entre nations, les olympiades de Rome en 1960 et Munich en 1972, les éliminatoires de la coupe du monde et les rencontres aller-retour des matchs Algérie-Tunisie, Egypte–Algérie, Tunisie-Egypte, Sénégal-Mali et Guinée–Sénégal. On m'a aussi sollicité pour diriger des grandes finales soit en Egypte, avec les rencontres Ahly–Zamalek, ou encore les finales de Tunisie avec les rencontres Espérance/club africain, ainsi que d'autres rencontres où de grands clubs prenaient part comme le stade de Reims avec Coppa, le Bayer de Munich avec Beknbaouer et le club Santos de Brésil avec Pelé. Au niveau national, j'ai dirigé cinq finales de la coupe du trône, record non encore battu, neuf fois le derby classique WAC/RCA, en plus des autres grands derbys. Quelle était, à l'époque, l'attitude des dirigeants et des joueurs? Les joueurs respectaient et se pliaient aux décisions de l'arbitre. Les dirigeants, qui faisaient des sacrifices en l'absence des sponsors, donnaient l'exemple aux joueurs et au public. Les agressions contre les arbitres étaient rares et considérées comme des cas isolés. Et qu'en-t-il des indemnités ? Les indemnités de l'arbitre de première division étaient de l'ordre de 120 DH contre 1400 DH, actuellement, auxquelles il faut ajouter les frais de déplacement. Ainsi, pour la plupart des arbitres des années 60 et 70, l'arbitrage était considéré comme une activité secondaire, à une époque où le sport n'était pas encore prioritaire et où joueurs et staff technique étaient des bénévoles. Les arbitres étaient aussi sollicités pour arbitrer gratuitement des rencontres amicales lors d'un tournoi ou un jubilé. Quand est-ce que vous avez arrêté l'arbitrage ? J'ai mis fin à ma carrière d'arbitre en 1976 pour intégrer la commission centrale d'arbitrage. On m'a confié, comme mission, la formation. Et l'arbitrage national dans tout cela ? Le Maroc a toujours produit de grands arbitres à l'instar de feu Lazrak , Boukili, Elazhari, Benjelloun, Benzekri, Benali, feu Belqola, sans oublier les chevronnés à l'image de Kezzaz et Tahiri. Votre meilleur souvenir ? Je n'oublierais jamais le jour où SM le Roi feu Hassan II m'avait décerné le wissam sportif, classe exceptionnelle, en 1962 devant un public nombreux lors de la finale de la Coupe du Trône.