Le soldat à la Kalchnikov a préparé son opération à l'avance. Il commence par gagner la confiance du garde-magasin d'armement, duplique les clés du magasin et passe à l'action. Nuit de mercredi à jeudi, 8 et 9 janvier. Un branle-bas de combat s'empare de la caserne du 15 eme Groupement de l'Artillerie Royale (GAR) à Taza. Les officiers et les soldats affichent une excitation et une mobilisation d'alerte générale, sauf qu'il n'y a pas de guerre mais une disparition d'armes. Un détournement de sept armes, de marque kalachnikov, et de chargeurs a été constaté par le remplaçant du garde-magasin qui venait de prendre son service. Vers minuit, ce dernier, qui supplée le titulaire qui était en permission, rejoint son poste au magasin d'armement où il doit assumer la garde pendant toute la nuit. Quand il ouvre la porte, il découvre un spectacle inhabituel de trois armes, de marque kalachnikov, étalées par terre à côté du coffre où elles devraient être normalement rangées. Sentant le roussi, il ouvre spontanément le coffre pour constater qu'il est vide et qu'il manquait sept pièces sur les dix qu'il devait contenir. Il reste éberlué pendant un petit moment car, quand il a quitté pour la dernière fois le magasin, tout était en ordre, d'autant plus que personne, à part lui, n'en possédait les clés. Il ne réfléchit pas longtemps pour comprendre qu'il s'agit bel et bien d'un vol. Il rend compte au chef de poste. Les deux militaires vérifient au peigne fin tous les coins et les recoins du magasin pour s'assurer que les pièces manquantes n'ont pas été rangées dans un autre lieu. Peine perdue. Cette revue générale du magasin confirme la disparition de sept kalachnikovs et de chargeurs. Il n'y a plus doute, quelqu'un a réussi à pénétrer dans le magasin pour y dérober l'armement précité et déguerpir sans laisser de trace. Il est presque une heure du matin quand le chef de poste rend compte à l'officier de garde lequel alerte, à son tour, le chef du corps. L'alerte est grave et l'agitation commence à se faire sentir aux alentours du magasin. Un vol d'armes n'est pas une chose habituelle dans une caserne. Le chef du corps ne s'est fait pas attendre pour rappliquer, commencer ses investigations et appeler à un rassemblement général de tous les militaires de la caserne. Dans la situation de prises d'armes, un seul militaire ne répond pas à l'appel, il s'agit de Youssef Amani, simple soldat de deuxième classe. A cet instant, aucun de ses supérieurs ne fait la corrélation entre la disparition des armes et l'absence du militaire. Au départ, ils ont cru qu'il s'agit peut-être d'un simple retard, sachant qu'il n'est pas autorisé à passer la nuit à l'extérieur de la caserne. D'autant plus que le jeune soldat, âgé de 22 ans, est très discipliné, sérieux et très ponctuel. Et surtout, il est très pieux. Mais tout cela n'exclut pas l'application stricte des règlements. Les responsables de la caserne rédigent un message d'absence et de vol d'armes qu'ils adressent immédiatement aux autorités compétentes. Dès que les services de gendarmerie de Meknès sont alertés, ils entreprennent leurs investigations en établissant une surveillance aux abords de la maison des parents du soldat en question. La vigilance des gendarmes finira par être payante, puisque le soldat Youssef Amani sera arrêté en possession de l'armement disparu du magasin. Dés le premier interrogatoire, ce dernier révèle l'identité de l'un de ses complices, le sergent Hamid Slim, 24 ans, qui a été immédiatement arrêté. L'enquête a été étendue à d'autres militaires de la caserne sur lesquels pesaient des soupçons de connivences ou de négligence. Quand l'affaire a éclaté, toute la ville de Taza était en effervescence. C'est le sujet qui anime les discussions aussi bien des militaires que des civils.