L'incendie du commissariat de police de Malaga, qui a fait un bilan provisoire de quatre morts et dix blessés, a ressuscité le débat sur le problème de l'immigration clandestine et de la lutte contre les réseaux mafieux qui se livrent à ce trafic. Les enquêtes menées par la police espagnole sur l'affaire des clandestins de Malaga auraient révélé, selon des sources proches des enquêteurs, que les victimes auraient effectué la traversée du détroit de Gibraltar à bord d'un Yacht rapide immatriculé dans la ville occupée de Sebta. Selon les premiers éléments de l'enquête, cette embarcation appartiendrait à un habitant de cette ville répondant au nom de M.L.Ch et qui purge actuellement une peine d'emprisonnement dans la prison civile d'Algesiras. Ce Yacht serait utilisé par un réseau de la mafia d'immigration clandestine de Sebta pour le transport d'immigrés clandestins vers la péninsule Ibérique. Les enquêteurs pensent que le dénommé M.L.Ch, qui réside au quartier Principe à Sebta, n'est en fait qu'un prête-nom des véritables patrons d'une organisation criminelle qui opère depuis la ville occupée et qui est spécialisée dans l'immigration clandestine, le trafic de drogue et le blanchiment d'argent. Selon les mêmes sources, M.L.Ch aurait déjà été interrogé par la police à propos de l'affaire dite du "commissariat de Malaga" et ses déclarations auraient confirmé les données avancées par les enquêteurs. Ces derniers estiment aussi que les déclarations des immigrés clandestins victimes de l'incendie seraient d'une grande importance car elles permettront de savoir ce qui s'est exactement passé au moment du déclenchement de l'incendie, d'un côté, et, de l'autre, avoir des données précises sur le réseau mafieux qui les a pris en charge. Par ailleurs, le défenseur du peuple de l'Andalousie, José Chamizo, a fait part de son "indignation face à l'échec que supposent les attitudes que maintiennent les gouvernements marocain et espagnol en ce qui concerne les effets de l'immigration clandestine", et a lancé un appel pour que "toutes les forces politiques des deux pays fassent preuve de plus de conscience et finissent, une fois pour toutes, avec ce problème qui est très dur". Chamizo, qui intervenait lors d'une conférence de presse, a attiré l'attention sur "les revers encaissés par les deux gouvernements en matière d'immigration" et a exprimé son étonnement face à cette situation. "Il est incroyable de constater que les gens continuent de mourir, alors que les deux administrations ne font rien et attendent d'enregistrer d'autres morts", a-t-il accusé. Dans le même sens, le conseiller de la gouvernance (ministre local de l'intérieur) au gouvernement autonome de l'Andalousie, Alfonso Perales, a lancé un appel au gouvernement central de son pays pour qu'il "utilise toute son énergie possible pour parvenir à un accord avec le gouvernement marocain afin que soit établi entre les deux services de police des deux pays un système de lutte commune contre l'immigration clandestine". Perales, qui a fait ces déclarations lors d'une conférence de presse qu'il a tenue à Cadiz (Sud de l'Espagne), a aussi appelé les deux pays à convenir des mécanismes permettant l'entrée légale de la main d'œuvre marocaine en Espagne. "Le gouvernement espagnol doit créer des voies d'entrée légale aux immigrés marocains réguliers", a-t-il dit. Enfin, il est à rappeler que la crise diplomatique entre Rabat et Madrid avait freiné l'aboutissement d'un accord entre les deux capitales en matière d'immigration régulière et organisée. Il y a quelques mois, le gouvernement espagnol avait accusé l'Exécutif marocain de ne pas avoir répondu à sa demande d'un premier contingent de 20.000 travailleurs marocains.