Abderraouf Laghrisi a tant donné à l'équipe nationale de basket-ball et son club le FUS de Rabat. Préservant sa dignité, cette grande figure de la grosse balle orange attend toujours ce moment de reconnaissance. À quand un jubilé ? ALM : comment avez-vous connu le basket-ball ? Abderraouf Laghrisi : Je suis né en 1945 à Rabat. Mon frère aîné, Nourreddine, jouait au MSR. Je saisissais chaque occasion pour prendre le ballon. J'admirais les grands joueurs de cette époque à l'image d'Abdeljabar Belgnaoui, Mohammed Doukkali Mohammed Ben Omar, Lahcen Mansouri, Hafid Benjamaa, Rachid Cherkaoui. J'ai fait mes débuts au MSR en 1954 et ce n'est qu'en 1960 que j'ai rejoint le FUS de Rabat. Pouvez-vous nous parler de votre palmarès ? Le FUS est un des clubs les plus titrés de Royaume, notamment à l'époque de feu Khalil El Yamani, Abdeljabar Belgnaoui et moi-même. On constituait, à l'époque, une triplette redoutable. Ainsi, j'étais dix fois sacré champion du Maroc, détenteur de la coupe du trône de 1970 à 1978 et champion maghrébin des clubs à Oran en 1968. À tout cela il faut ajouter ma participation en coupe d'Europe des champions en 1970,1972 et 1978, avec la sélection nationale médaillée d'or aux championnats africains à Tunis en 1965 et aux olympiades de Mexico. Je saisis cette occasion pour rendre un vibrant hommage à mes compagnons Sayed (Kénitra), Belgnaoui, feu Bouazzaoui, et Yamani, Allal (FAR). Ce dernier, oublié par la famille du basket, pour ne pas dire lésé, est décédé récemment. Quelle ambiance régnait sur le basket national ? Il faut avouer qu'au sein du club, pour prendre l'exemple du FUS, il y avait une ambiance de famille. L'équipe était très soudée. On s'entraînait en plein air, sous la pluie ou le soleil, sous les yeux de feu Abderhmane Bouannane considéré comme notre père. Et le public ? Les rencontres WAC/FUS connaissaient une grande affluence. Le WAC comptait à son actif de grands ténors Hachad, feu Larbi Skalli (journaliste), Abderhmane Sebbar et El Alami, qui n'est autre que le père du tennisman Karim, et d'autres. On sentait une vraie satisfaction quand le public adverse nous applaudissait à chaque fois qu'il y avait une belle action. C'était un public connaisseur et le basket était toujours dominé par le fair-play, la sportivité et la combativité. Combien gagnez-vous, comme prime, à l'époque ? À l'époque, le salaire et la prime étaient inconcevables. Les joueurs ne bénéficiant de rien, par contre les dirigeants s'occupaient de notre confort et ils mettaient la main à la poche. Je n'oublierais jamais un vieux supporter qui venait à vélo pour nous donner des oranges, par contre de nos jours, un joueur a droit à un salaire, une prime et peut être un logement. Pourquoi avez-vous arrêté la compétition ? J'ai arrêté de jouer à l'âge de 42 ans. J'ai opté, par la suite, pour la formation. J'ai obtenu le premier degré d'entraîneur en 1981 sous la direction de Jauney, président de la commission technique de la fédération française de basket et ancien entraîneur des Bleus. J'étais désigné, en 1985, responsable de la commission technique pour la zone maghrébine par le président de la commission technique de l'AFABA, avant d'occuper le poste d'entraîneur des équipes de basket-ball à l'école européenne de Mol en Belgique. Je souhaite continuer sur la même voie au sein d'un club bien structuré. Quels sont vos meilleurs moments? Écouter l'hymne national et voir hisser haut le drapeau national lors des rencontres internationales. Cela nous procurait un moment de sensation.