L'année 2002 a été marquée par l'incendie de la prison Sidi Moussa, à El Jadida, qui a coûté la vie à 50 détenus. Un drame qui a obligé les responsables à ouvrir ce dossier. La bougie 2002 vient de s'éteindre. Seulement, ses flammes n'ont pas été éteintes qu'après avoir transformé, la nuit du 31 octobre au 1er novembre, la prison Sidi Moussa, à El Jadida, en un four crématoire ayant calciné 50 détenus. Ainsi, après avoir éclairé aux responsables, par ses lumières, les problèmes qui ont rendu, depuis belle lurette, cet univers, qui devrait être un lieu de rééducation, très sombre et l'ont misdans une situation alarmante causant, à chaque fois, un bilan très lourd en cadavres calcinés. Pourquoi et comment ces établissements sont-ils arrivés à cette situation ? L'Observatoire Marocain des Prisons a avancé, dans son dernier rapport annuel de 2001-2002, que l'effectif des détenus a atteint, cette année 59.000, soit une augmentation de 5000 personnes par rapport à l'effectif de l'année précédente. Cette augmentation annuelle de la population carcérale de 12% dépasse en réalité la capacité d'accueil des prisons opérationnelles jusqu'à aujourd'hui et qui sont au nombre de 46 établissements. Ce surpeuplement, doublé d'un budget annuel (194.665.100 de dirhams en 2002 et 199.055.100 de dirhams en 2001); qui ne répond pas au minimum vital, a dégénéré en une situation alarmante marquée par, entre autres, la dégradation des conditions de vie, le manque des soins médicaux, la mauvaise gestion. Cependant, le rapport souligne que surpeuplement reste le premier problème qui ravage les prisons au Maroc. A titre d'exemple, ajoute le rapport, la prison locale de Tanger abrite 2988 détenus alors que sa capacité d'accueil ne dépasse pas 1600. Quelque 446 détenus à la prison de Laâyoune pour une capacité d'accueil de 200, 2404 détenus à la prison de Safi pour une capacité d'accueil de 1500, 1710 détenus à Aïn Kadousse, à Fès, pour une capacité d'accueil de 600 et 1147 détenus à la prison de Tétouan pour une capacité d'accueil de 500. Il s'agit, en effet, d'une situation qui remonte à quelques années et qui s'est aggravée au fil des jours. Le ministère de tutelle n'a jamais pensé ouvrir ses yeux pour se pencher sur le problème. Les ONG et, à leur tête l'OMP, n'ont pas cessé un seul jour, de lancer des appels et d'alerter les responsables pour qu'ils prennent des décisions convenables et réclament des peines alternatives en vue d'absorber le surpeuplement des prisons. Mais en vain. Aussi, les drames des pénitenciers d'Oukacha et de Souk Larbaâ, qui ont coûté la vie d'une trentaine de détenus, ne les ont pas réveillés de leur profond sommeil. Il fallait attendre qu'une autre cinquantaine de détenus soient calcinés à la prison Sidi Moussa, à El Jadida, et l'avènement d'un nouveau gouvernement pour bouger, recourir à l'institution de grâce et former, à ce propos, une commission chargée de l'étude des cas des détenus qui doivent bénéficier de la grâce Royale.