Le drame est là. Encore un. Avec son lot de morts, de blessés et de familles éplorées. Pas moins de cinquante prisonniers de Sidi Moussa à El Jadida ont péri, qui par le feu, qui par asphyxie. Des dizaines d'autres ont été gravement brûlés. Le descriptif de l'horreur ne se prête guère au jeu de mots. Mais encore une fois, des détenus ont vu passer l'enfer… Le drame est là. Encore un. Avec son lot de morts, de blessés et de familles éplorées. Pas moins de cinquante prisonniers de Sidi Moussa à El Jadida ont péri, qui par le feu, qui par asphyxie. Des dizaines d'autres ont été gravement brûlés. Le descriptif de l'horreur ne se prête guère au jeu de mots. Mais encore une fois, des détenus ont vu passer l'enfer… Ce n'est pas la première fois qu'une prison marocaine connaît ce genre d'incident dramatique. Il y a à peine trois mois, la maison d'arrêt de Souk Larbaâ du Gharb a connu un drame similaire, toutes proportions gardées, mais il y a eu là aussi des morts. Et des blessés. En 2000, le complexe pénitencier Oukacha à Casablanca a fait la une de la presse par un drame pareil. Des morts et des dizaines de blessés… Dans tous les cas signalés, par leur gravité et le nombre élevé de victimes, deux explications ont été mises en relief. Premièrement, la surpopulation carcérale. Parfois, comme le cas de la prison d'El Jadida, le nombre de prisonniers incarcérés est équivalent au double de la capacité initialement prévue pour l'établissement. À qui la faute? Est-ce que le Maroc produit plus de criminels, plus de passibles de détention, qu'il ne construit en établissements devant les accueillir ? Ou est-ce qu'il s'agit tout simplement d'une défaillance dans la gestion des établissements et leurs mesures de sécurité ? C'est cet aspect-là relatif à la sécurité dans les prisons qui se pose avec le plus d'acuité. Chaque drame est imputé aux prisonniers qui utilisent des instruments de cuisson non conformes ou dans des circonstances où il ne faut pas en faire usage. Là aussi à qui la faute? comment un établissement pénitencier qui n'est pas vraiment ancien -Oukacha ou Sidi Moussa par exemple-, manque d'infrastructures à même de garantir l'intégrité physique des détenus dont l'Etat assume la responsabilité ? Il est vrai que le mouvement associatif, les organismes des droits humains, l'Observatoire des prisons, chacun de leur côté a fait en sorte que les conditions de détention soient améliorées, que les détenus, quel que soit le délit ou le crime qu'ils ont commis, ont droit à la préservation de leur dignité et d'un seuil minimum de droits, et doivent être traités conformément aux normes légales en vigueur. Lesquelles normes reconnaissent les dispositions internationales en la matière telles que consignées par la charte des Nations Unies sur les droits de l'Homme… Il est vrai aussi que le ministère de tutelle n'a eu de cesse de faire des propositions à même de se conformer aux nouvelles règles et de permettre aux prisonniers d'accéder pleinement à leurs droits… Mais tout cela reste insuffisant quand le feu met à nu les dysfonctionnements d'un système carcéral qui n'arrive toujours pas à se départir de ses vieux réflexes. Il y a un constat de ce genre de réflexe : lors de l'incendie d'Oukacha, tout comme celui de Sidi Moussa, personne ne pouvait ouvrir les cellules et secourir les prisonniers en feu. La loi c'est la loi, même s'il faut que des dizaines de détenus meurent… L'autorisation d'ouvrir les cellules doit émaner du premier responsable de l'établissement qui n'est pas toujours forcément sur les lieux. Le résultat, cinquante nouveaux morts. Et la liste risque de s'allonger.