Aux Etats-Unis, en Europe et en Australie, la délation s'est institutionnalisée reflétant le climat de peur qui s'installe dans ces sociétés. Chasse à l'homme en Amérique. Arrestation à Paris. Numéro vert en Australie. Des voix s'élèvent à travers le monde pour dénoncer les abus qui accompagnent la gestion du dossier du terrorisme par l'administration américaine. Certains vont juqu'à accuser les Etats-Unis d'encourager le crime international en refusant de ratifier le traité créant la Cour pénale internationale (CPI) et en bridant les droits fondamentaux des personnes accusées de terrorisme. On reproche en particulier à l'administration Bush d'avoir restreint les droits des prisonniers détenus dans les prisons américaines, notamment à Guantanamo, où 600 d'entre eux n'ont pas été inculpés officiellement et n'ont pu recevoir ni visites ni conseils d'avocats depuis un an. George Bush campe sur ses positions et continue de placer la guerre contre le terrorisme en tête de liste de ses sujets prioritaires. Ses détracteurs l'accusent de travailler méthodiquement à politiser la guerre contre le terrorisme pour réaliser des gains majeurs lors des prochaines échéances électorales. Sur le terrain des opérations, le FBI a demandé l'aide du public pour retrouver cinq hommes, originaires du Moyen-Orient, qui seraient entrés illégalement sur le territoire américain il y a sept jours. Ces personnes, âgées de 19 à 33 ans et dont la nationalité n'a pas été précisée, sont soupçonnées d'être entrées aux Etats-Unis, venant du Canada, autour du 24 décembre. Les contrôles sont renforcés aux frontières des Etats-Unis depuis les attentats du 11 septembre 2001. « Des gens entrent tout le temps sur le territoire illégalement, mais là nous avons des photos, des noms et des dates de naissance », a déclaré un agent du FBI. « Toute personne qui aurait des informations concernant ces hommes est priée de prendre contact avec le FBI », a-t-il demandé. En France, l'arrestation d'un suspect, le week-end à l'aéroport Roissy-Charles de Gaull, nourrit encore la psychose terroriste. L'homme, un Français de 27 ans, est inconnu des services de police et sans lien apparent avec les milieux islamistes, mais il transportait des armes et des explosifs dans sa voiture. De plus, ce bagagiste ne présente pas de profil de militant. La police s'efforce actuellement de trancher entre la piste terroriste et une affaire liée au grand banditisme. Lors de son arrestation, le bagagiste était en possession d'un engin explosif « prêt à l'emploi ». Il s'agit de cinq pains de plastic, de deux détonateurs et d'une mèche lente, saisis dans sa voiture peu après son arrestation. Les policiers ont également trouvé un pistolet automatique et un pistolet-mitrailleur. Les enquêteurs peinent toujours à établir ses motivations, l'homme est resté quasiment muet depuis son arrestation. La police a également arrêté son père, ses deux frères et un ami de la famille. En Australie, plusieurs centaines d'appels téléphoniques ont été recensés pour le premier jour de la campagne anti-terroriste lancée par le gouvernement. La campagne a pour but de rassurer la population tout en encourageant la délation. Elle propose aux citoyens de signaler toute activité suspecte et d'être vigilante. Des représentants de la communauté musulmane australienne, craignant de voir se développer des tensions ethniques, ont déjà fait part de leurs inquiétudes. Certains psychiatres se sont également interrogés sur les conséquences d'une telle mesure sur l'équilibre mental de la population australienne.