Abdellatif Benazzi était présent vendredi dernier au gala des Troisièmes Trophées Maroc Equestre. La présence de ce rugbyman de renommé internationale dénote de son engagement pour la promotion du sport au Maroc. Abdellatif Benazzi a atteint les sommets du rugby international. Soixante-dix-huit sélections dans le XV de France, dont il a été le capitaine courageux, trois Coupes du Monde, quatre victoires contre les All Blacks de Nouvelle-Zélande et un grand chelem. Un palmarès à faire pâlir d'envie plus d'un. Et pourtant, ce géant de 35 ans n'a jamais oublié ses racines. Il répond toujours présent à chaque fois qu'on fait appel à lui. Lors de la soirée de gala de vendredi, il a déclaré à Aujourd'hui Le Maroc qu'après la fin de sa carrière de rugbyman professionnel, prévue en juin 2003, «la promotion du sport national fera partie de ses priorités». Et d'ailleurs, à l'occasion de chaque séjour au Maroc, il tient à rencontrer les responsables de la fédération. L'enfant du terroir entend mettre son expérience et son savoir faire au service de la balle ovale nationale. Une carrière brillante bâtie avec persévérance, humilité et philosophie. «Je suis né au milieu de gens qui adorent le rugby. C'est tout naturellement que j'ai attrapé le virus à mon tour». Les débuts furent bien sûr à Oujda, au sein de l'Union sportive d'Oujda (USO) à l'âge de 16 ans. Les prémices d'une carrière internationale extraordinaire se dessinent en France, trois ans plus tard. Il ne terminera jamais les études qu'il est allé poursuivre au début. Les responsables du club français Cahoms le remarquent aussitôt et lui proposent un contrat. Il accepte sans hésiter. De là, il sera transféré à un autre club, Agen. Le conte de fée s'arrête là. Ces débuts en championnat de France ne se passent pas comme il le souhaite. Le jeune Marocain a dû patienter sur le banc de touche pendant sept mois sans raison apparente, à part peut-être son origine. «A l'époque, il y avait beaucoup de blocages anti-sportifs. Et j'ai dû batailler dur pour m'imposer». cet adepte de la troisième mi-temps sans alcool obtient la nationalité française et le brassard de capitaine de l'équipe de France de rugby qu'il a porté 10 fois en matches internationaux. Parallèlement à cela, il œuvre pour aider à l'intégration des jeunes issus de l'immigration. Son action dans ce sens lui vaut un siège au Haut Conseil à l'Intégration, cellule de réflexion initiée par le président français Jacques Chirac. Il fait son entrée dans le gotha politique français et s'attire la bienveillance des personnalités comme Martine Aubry, qui fut d'ailleurs témoin à son mariage. Après avoir atteint les sommets en France, il plie bagage pour le voisin d'outre-manche, l'Angleterre, où il évolue au sein du club Saracens (Londres). Ce nom, (Sarrasins en français), fait référence à ces guerriers du désert du 12ème siècle. Ils étaient renommés pour leur mobilité, leur endurance et leur enthousiasme. On dirait Benazzi sur le terrain. Fort, rapide, grand certes, mais aussi malin et posé. Des qualités qui ne l'ont jamais quitté, même dans les plus noirs épisodes de sa vie de sportif de haut niveau. «Des déceptions ? « Bien sûr que j'en ai eu. Mais il faut savoir en tirer profit. Dans cette vie, on ne cesse jamais d'apprendre», note-t-il. En 1997, il se blesse au ligament du genou ce qui le mettra à l'écart des terrains pour quelque temps. Son chalenge était alors de revenir à son plus haut niveau. Ce qui a magistralement réussi lors de la Coupe du monde en 1999 en Australie. Son dernier mondial. «Le rugby est un poème physique que je récite par cœur», écrit Abdellatif Benazzi sur son site internet (www.benazzi.fr). une vraie histoire d'amour qui prendra fin en juin 2003. Entre-temps, Benazzi continue de caresser le précieux cuir ovale.