«Fès vu par sa cuisine» est l'intitulé d'un ouvrage publié par Malika-Editions, à Casablanca, avec comme sous-titre, en langue arabe, «Haoula Maïdat Fès». Paru pour la première fois à la fin des années 50, l'ouvrage conserve, par la volonté délibérée de l'éditeur, sa forme d'origine, ses illustrations et son parfum d'époque, qui reflètent parfaitement l'esprit dans lequel il était conçu. « Fès vu par sa cuisine » est le fruit d'un jeu de rencontres entre deux personnes hors du commun : Zette Guinaudeau, l'auteur, dont la passion pour le Maroc a duré près d'un demi-siècle, qui en parlait la langue, en connaissait les mœurs, citadines et rurales, et Jean-Emile Laurent, Marocain d'adoption, depuis de longues années, qui a ponctué de ses desseins les recettes et s'est, aussi, improvisé éditeur. Le livre a connu un succès considérable dès sa sortie et fut plusieurs fois réédité au cours des années suivantes. Le fait qu'il soit préfacé, en 1957, par l'écrivain Ahmed Sefrioui, a ajouté à sa renommée. Pour l'auteur de « La boîte à Merveilles », il ne s'agit pas d'un recueil à l'usage des femmes au foyer mais d'une contribution à l'histoire de ce pays et d'un document d'une grande portée humaine. « Fès vu par sa cuisine » livre aux amateurs de la bonne cuisine tous les secrets non seulement sur l'art gastronomique de cette ville ancestrale mais sur l'art de vivre tout simplement à cette époque. Des recettes parfois oubliées, les tours de main que se transmettaient les femmes de génération en génération. Soupes, tagines, couscous, salades ou gâteaux y sont détaillés avec toutes leurs variantes. Le livre offre également l'univers de la vie domestique qui se déroulait dans les ruelles de la vieille cité et la restitution, à travers le regard de Zette Guinaudeau, d'une civilisation saisie dans sa vérité la plus quotidienne et dont le monde moderne n'a pu effacer ni les parfums et encore moins les saveurs.