L'USFP contre l'USFP. Le parti socialiste marocain n'en finit pas de s'étriper depuis l'annonce de la retraite politique de Abderrahmane Youssoufi. Ceux qui pensaient que le candidat naturel à la succession de ce dernier était son adjoint Mohamed El Yazghi en ont été pour leurs frais. L'USFP contre l'USFP. Le parti socialiste marocain n'en finit pas de s'étriper depuis l'annonce de la retraite politique de Abderrahmane Youssoufi. Ceux qui pensaient que le candidat naturel à la succession de ce dernier était son adjoint Mohamed El Yazghi en ont été pour leurs frais. L'intéressé lui-même commence à ne plus être sûr de rien devant l'entrée en lice inattendue de Abdelouahed Radi dans la course pour briguer le poste de premier secrétaire. Une affaire qui a brouillé les cartes et ajouté la confusion à la confusion. Elle montre à la fois l'incapacité de l'USFP de s'entendre sur un seul leader et l'étendue des divisions internes. Soutenu notamment par les ministres USFP, le président du Parlement est présenté, contrairement à M. El Yazghi, comme un homme du consensus capable de fédérer les différents courants qui traversent le parti. Du coup, chaque prétendant compte désormais ses supporters dans le bureau politique dans un match très serré où les deux adversaires sont au coude-à-coude. À moins que Abdelouahed Radi ne retire sa candidature, la victoire de l'un ou de l'autre si on passe au vote peut se jouer à une seule voix. Suspense… Ceux qui croyaient aussi que le départ de Abderrahmane Youssoufi allait permettre à la maison USFP de refaire son unité autour d'un successeur charismatique ont vite fait de déchanter. Bien au contraire. La démission de Me Youssoufi a agi comme un révélateur des contradictions et des frictions de l'USFP. Il a suffi que l'ex-Premier ministre jette l'éponge pour que s'exacerbent les querelles de personnes sur fond de course à la chefferie. Autrement dit, Me Youssoufi comme leader de l'USFP était un élément fédérateur qui conférait au moins un semblant de cohésion à un parti qui mettait en sourdine ses dissensions internes graves. Certains pro-yazghistes voient “une main invisible“dans la crise de succession à l'USFP et les luttes intestines auxquelles elle a donné lieu. Une grossière désinformation qui a trouvé même écho dans la presse crédible. Elle a l'avantage pour ses promoteurs de les dispenser de voir la réalité en face : le fidèle ennemi de l'USFP est l'USFP lui-même. Ce n'est ni Abderrahmane Youssoufi, encore moins un supposé complot externe, qui est à l'origine de ce qui ressemble à une véritable crise identitaire de l'USFP. Pour dépasser ses problèmes, le parti de Abderrahim Bouabid a besoin de se requinquer et de se réconcilier avec lui-même. Ceci passe essentiellement par une bonne cure politique sur les travées de l'opposition. Cela dit, M. El Yazghi finira-t-il par gagner la bataille ou est-il condamné à rester un éternel second ? Si d'aventure, la défaite s'abat sur lui, il doit en tirer les conséquences en emboîtant le pas à l'ex-Premier secrétaire. Il serait en effet difficile pour un Mohamed El Yazghi qui a vécu pendant des années à l'ombre de Me Youssoufi et de Abderrahim Bouabid de rester en faisant comme si de rien n'était.