Les Irakiens considèrent le déploiement de troupes américaines dans le Golfe comme une accumulation stratégique pour une guerre mondiale qui vise dans cette phase l'ensemble du monde arabe, du Levant au Maghreb. Les Irakiens considèrent le déploiement de troupes américaines dans le Golfe comme une accumulation stratégique pour une guerre mondiale qui vise dans cette phase l'ensemble du monde arabe, du Levant au Maghreb. Visiblement, Saddam Hussein cherche à mobiliser le monde arabe pour entretenir son opposition à l'invasion de son pays. Il est d'autant plus tenté par cette tactique que de nombreux pays arabes craignent pour leur stabilité en cas de guerre. En fait, ce qui est apparemment en jeu aujourd'hui c'est l'arabité même de l'Irak de demain. N'oublions pas que l'opposition irakienne, qui s'est réunie à Londres dernièrement, est dominée par les Kurdes et les Chiites. Ces derniers, pro-iraniens, ont obtenu une large majorité au sein du comité. Cela permet à leur alliance, avec les Kurdes, de disposer, au sein du comité désigné à Londres, d'une large marge de manœuvre pour la nomination du gouvernement qui prendra la relève de Saddam Hussein. En outre, l'existence de ce comité est une victoire pour les Etats-Unis qui obtiennent enfin une couverture politique pour leurs desseins militaires. L'absence d'un tel moyen en 1991ne leur a pas permis d'occuper l'Irak. La conférence de Londres ayant retenu le principe de la laïcité de l'Etat, la composition du futur gouvernement se fera sur la base des appartenances confessionnelles et non plus religieuses. C'est donc l'arabité même de l'Irak qui est aujourd'hui en jeu, du fait du caractère catégoriel-confessionnel ou ethnique de la relève potentielle désignée à Londres et cautionnée par les futurs occupants de Baghdad. La perspective de la fédéralisation de l'Irak sonnera le glas de l'identité arabe de ce pays. Mieux encore, la conférence de Londres inaugure le début d'une nouvelle ère pour l'ensemble de la pensée politique arabe qui a dominé le Proche-Orient durant un demi-siècle. Adieu panarabisme, gauchistes arabes, nassériens, baâtistes. Saddam Hussein a raison de dire que l'Administration Bush ne sonne pas la charge contre lui seul mais contre l'ensemble des pays arabes. Mais, pas dans le sens qu'il entend puisque tous ces régimes vont rester en place avec cette différence que leur arabité serait mise entre parenthèse. Une différence de taille qui augure des recentrages que Washington veut introduire dans la région sous couvert de libéralisme économique et de démocratie.