Fatima, quinquagénaire, a été sauvagement tabassée par un de ses voisins, à Salé. Dans le feu de la bagarre, son fils, muni d'un poignard, blesse mortellement l'agresseur. La maman avoue un meurtre qu'elle n'a pas commis. «En rentrant chez moi, après un match de football, j'ai été intercepté par Fatima et son fils Brahim , armés de couteaux, qui m'ont tabassé puis poignardé au niveau de la colonne vertébrale », ces paroles prononcées péniblement par Hicham, samedi 4 octobre, en état d'agonie, seront les toutes dernières de sa vie. Après quelques heures de soins intensifs à l'hôpital Ibn Sinaâ, il succombera à ses blessures. En fait, les familles de Hicham et de Fatima et son fils, résidant à Hay Errahma, lotissement C, à Salé, n'étaient pas en bons termes. Un petit jardin situé à l'entrée de leur habitation, se trouve à l'origine de leur conflit qui n'a que trop duré. Les rapports de voisinage s'enveniment sensiblement au fil du temps jusqu'au jour du drame. Vers 11 heures du matin, Hicham, lycéen, âgé de 19 ans, revenait effectivement chez lui, après avoir disputé une partie de football avec ses amis. Arrivé à proximité, il rencontre sa voisine qu'il couvre de ridicule en la traitant de tous les noms. Piquée à vif dans son amour-propre, celle-ci ne s'empêchera pas de lui rendre la monnaie de sa pièce. Laissant les mots à part, Hicham en viendra aux mains pour lui infliger une correction. Fatima essaye de parer à ce passage à tabac, mais Hicham baraqué comme il est, ne lui laisse aucune chance en la battant à plate couture. Assommée à coups de poing, traînée par terre, piétinée et rouée de coups de pied, la voisine honnie crie à l'aide à qui pourrait l'entendre. Entre-temps, son fils Brahim, natif d'El Jadida, âgé de 16 ans, collégien de son état, faisait des remontrances à son frère cadet pour manquement à ses devoirs scolaires. Subitement, une voix en détresse mais familière lui parvient aux oreilles. En sortant voir ce qui se passait, il découvre alors sa mère en train de se faire rudement massacrer par son voisin. Pris de rage et de furie, il court chercher un couteau de cuisine et revient à la charge dans un état de cécité totale. Peu importait ce qu'il adviendrait de lui, à l'instant même il ne pensait qu'à la vengeance. Et sans mesurer la gravité de son acte, il enfonce la lame du couteau jusqu'au manche à la base de sa colonne vertébrale, laissant Hicham pour mort dans une mare de sang. Alertée par l'incident survenu, la police judiciaire de Salé investit les lieux pour établir le constat d'usage. Une ambulance arrive afin d'évacuer le blessé vers l'hôpital le plus proche à Salé. Toutefois, la situation critique de Hicham nécessite d'urgence son hospitalisation à l'hôpital Ibn Sinaâ de Rabat pour recevoir les soins appropriés. En vain. Il rendra l'âme après avoir répondu aux questions des enquêteurs de la police, chargés du dossier. Son agonie n'aura duré que quelques heures. Fatima, atterrée par la nouvelle macabre, ne savait où donner de la tête. Le sort qui guettait son fils risque de lui pourrir la vie le restant de ses jours. Finalement, après mûre réflexion, elle se décide à endosser le crime pour épargner à Brahim les affres d'une longue incarcération. Au cours de leur interrogatoire, Fatima de mèche avec Bahim, campe sur ses déclarations et s'accuse à tort d'un crime qu'elle n'a pas commis. Elle sera prise au mot nonobstant le témoignage de son mari et celui de certains voisins du quartier. Présentée devant la chambre criminelle près la Cour d'appel de Rabat, le 21 octobre courant, elle a été poursuivie pour coups et blessures ayant entraîné la mort. Pour ce qui est de Brahim, c'est de la complicité dont il sera inculpé.