Peu importe qu'il soit derrière les barreaux ou chez lui. C'est du moins ce que Ahmed, vingt-deux ans, avait affirmé devant les trois juges de la chambre criminelle près la Cour d'appel de Casablanca. Issu d'une famille indigente qui occupe une chambre avec voisins, il n'avait pas l'intention de changer de vie, ni celle de sa famille, en poursuivant ses études et en décrochant des diplômes lui permettant d'avoir un emploi et gagner sa vie dignement. Il a quitté les bancs de l'école alors qu'il était encore à la 3ème année d'enseignement fondamental. Depuis, il a trouvé dans la rue une autre école, malheureusement celle de la délinquance juvénile. Fréquentant les clochards, il ne tardera pas à s'adonner à la consommation de la drogue et ensuite la participation aux agressions. Sa première implication dans une affaire de vol qualifié lui a coûté un an de prison ferme. Et pourtant, à peine sorti de la prison d'Oukacha il a repris son activité criminelle en agressant des victimes, notamment les femmes. «Je n'étais pas seul, cette fois-ci, nous étions deux, moi et Saïd», a-t-il expliqué à la Cour. Saïd était un jeune malfrat, récidiviste, âgé de trente-deux ans, qui a purgé à trois reprises des peines d'emprisonnement pour constitution d'une bande de malfaiteurs et vol qualifié. D'ailleurs, c'est après sa participation à une agression que Ahmed a commise contre une jeune fille à laquelle ils ont arraché un smartphone, qu'il a laissé sa peau. Le mobile? «Saïd avait l'intention de garder le smartphone qu'on a volé afin de le remettre à sa copine sans me donner ma part de l'opération», a précisé Ahmed à la Cour tout en ajoutant qu'il lui a demandé de lui donner seulement une somme de trois cents dirhams. Mais en vain. La dispute a vite dégénéré. Les deux malfrats ont sorti leurs couteaux. Ahmed assène un coup mortel à Saïd qui ne s'en relèvera pas. Jugé coupable pour coups et blessures ayant entraîné la mort sans l'intention de la donner, Ahmed a été condamné à quinze ans de réclusion criminelle.