Deux sit-in ont été organisés samedi dernier devant le siège du quotidien "Attajdid" à Rabat. Le premier, animé par des associations de la société civile, condamne l'article du quotidien islamiste sur le tsunami, alors que le second défend la liberté d'expression de son auteur, un journaliste dans le quotidien islamiste très proche du PJD. L'article d'Attajdid paru sous le titre : «Le tourisme sexuel et le tsunami» ne finit pas de défrayer la chronique. Cet article, qui a été à l'origine d'une polémique au sein des milieux médiatiques et politiques, a été derrière l'organisation de deux sit-in samedi dernier devant le siège du quotidien islamiste. Soutenir ou condamner Attajdid, c'est le motif de chacune des deux manifestations qui ont été marquées par des escarmouches limitées, vite contenues. Pour l'Association marocaine de lutte contre la haine et le racisme, initiatrice du premier sit-in auquel ont pris part plusieurs autres associations de la société civile, il s'agit de dénoncer « le terrorisme intellectuel » et d'insister sur la liberté d'expression tout en fustigeant toute « tendance obscurantiste ». L'association a ainsi voulu délivrer « un message symbolique contre une pensée qui veut instaurer le désordre sous couvert de la religion », comme l'a déclaré son président, Jamal Berraoui, dans des propos relayés par l'agence MAP. Ce dernier estime que ce «n'est pas une démonstration de force, mais un véritable avertissement à la société marocaine l'interpellant sur l'existence d'une pensée qui ronge la société et tente de semer la zizanie en son sein ». M. Berraoui a également insisté sur les valeurs sur lesquelles doit s'édifier toute démocratie, tout en soulignant que les idéologies expiatoires visant à exclure des composantes de la société marocaine, ne peuvent en aucun cas se muer en fondements de la démocratie. Même heure et même lieu, un autre sit-in organisé sous le slogan : «Non au terrorisme intellectuel, non à la censure de notre droit d'expression» a eu lieu. Il a regroupé cette fois-ci tous ceux expriment leur solidarité à l'égard du journal Attajdid. Pour ces organisateurs, il ne s'agit ni plus ni moins qu'une manifestation de leur «refus des tentatives de muselage et de censure des droits d'expression et d'opinion et une dénonciation de la méthode suivie pour répondre aux idées et opinions exprimées». Une opinion partagée par le directeur du journal, Abdelilah Benkirane qui a estimé que «l'article qui a déclenché ce tollé et que nous ne prétendons pas parrainer, est un article qui exprime une opinion. Partant de là, nous soutenons le droit de son auteur à exprimer ses convictions et ses points de vue». Et d'ajouter : «Tout ceci est une campagne politicienne qui est, en fait, dirigée contre nous et non contre ledit article ou quelque chose d'autre». «Toutes les occasions sont bonnes pour nous dénigrer et monter les esprits contre nous», a-t-il déploré. A signaler que cette polémique a été déclenchée par le dit-article d'Attajdid, dans lequel son auteur a estimé que le tsunami, ce raz-de-marée qui a frappé l'Asie du Sud- est et qui a fait plusieurs centaines de milliers de victimes, est une «punition divine» et un «sérieux avertissement au Maroc, devenu une destination du tourisme sexuel».