À quelque chose malheur est bon, dit l'adage fataliste. À la suite des inondations meurtrières qui ont frappé le Maroc ces dernières semaines, faisant des dizaines de victimes et provoquant des dégâts matériels incommensurables, l'élan de solidarité manifesté par les autorités algériennes envers le Royaume fut remarquable. À quelque chose malheur est bon, dit l'adage fataliste. À la suite des inondations meurtrières qui ont frappé le Maroc ces dernières semaines, faisant des dizaines de victimes et provoquant des dégâts matériels incommensurables, l'élan de solidarité manifesté par les autorités algériennes envers le Royaume fut remarquable. Une délégation d'experts, conduite par le ministre algérien de la solidarité, a été dépêchée à Mohammedia suite à l'incendie qui a ravagé la raffinerie de cette ville. La mission devait prendre part à l'évaluation des conséquences du sinistre et esquisser les premières ébauches de solutions visant à restaurer les installations et à parer aux risques. Concomitamment, la frontière terrestre entre les deux pays a été exceptionnellement ouverte à deux reprises pour laisser passer des convois de camions transportant des dizaines de milliers de bouteilles de gaz butane pour approvisionner les ménages sinistrés. Dans le sillage de ces gestes, les chefs d'État des deux pays se sont entretenus au téléphone et ont échangé des propos de circonstance, selon le langage convenu des communiqués officiels. Mais, très vite, les médias des deux pays, à la suite de rumeurs ou d'indiscrétions d'observateurs proches de la région, laissent entendre que l'on devrait s'attendre, dans les prochains jours, à davantage de gestes et d'initiatives allant plus loin que les simples marques de solidarité et augurant d'une nouvelle ère dans les relations algéro-marocaines. Pour donner une certaine consistance à ces échos, on se réfère à un éventail de symptômes et de signes avant-coureurs, dont les plus saillants sont les derniers déplacements d'émissaires et d'officiels américains, européens et onusiens dans la région. Quoi qu'il en soit, il est un fait que le froid qui affecte les relations entre les deux pays voisins, hypothéquant par la même occasion toute évolution dans la construction de l'Union du Maghreb Arabe, est de plus en plus ressenti comme un gros gâchis par les populations des deux pays et au-delà par l'ensemble de la communauté maghrébine et arabe. Les raisons objectives de la discorde existent bel et bien et elles présentent parfois un caractère psychologique de blocage qui semble fortement irréductible. Mais, il est aussi un fait indéniable que l'impératif du rapprochement, du règlement pacifique des différents et de l'inscription de l'action de deux pays dans un vaste projet d'intégration régionale est plus que jamais inéluctable. Il répond, certes, à une forte demande, naturelle et spontanée, des populations liées entre elles par mille liens de toutes sortes. Mais, il est également devenu un passage obligé pour la mise à niveau de la région dans son ensemble, dans le contexte des discussions et des accords d'association qui réunissent les pays maghrébins, d'une part, et de l'autre l'ensemble, plus homogène et plus cohérent, de l'Union européenne. Une mise à niveau qui est elle-même une étape indispensable pour amarrer réellement la région à la caravane du développement fortement conditionnée par le degré d'intégration à une économie mondiale de plus en plus globalisée.