Au-delà du geste vraiment royal de solidarité envers les pêcheurs galiciens, S.M. le Roi Mohammed VI a replacé la coopération Nord-Sud dans son vrai contexte. Le sens de celle-ci était toujours supposé affluer du Nord vers le Sud alors que l'histoire prouve que le développement de l'Occident a été et reste tributaire des richesses humaines et matérielles du Sud. Au-delà du geste vraiment royal de solidarité envers les pêcheurs galiciens, S.M. le Roi Mohammed VI a replacé la coopération Nord-Sud dans son vrai contexte. Le sens de celle-ci était toujours supposé affluer du Nord vers le Sud alors que l'histoire prouve que le développement de l'Occident a été et reste tributaire des richesses humaines et matérielles du Sud. Malheureusement, la réciprocité n'a pas suivi en volume de coopération émanant de l'Occident vers les pays en voie de développement. À preuve, les recommandations de la Conférence de Barcelone de 1995 n'ont pas cessé d'être laminées par un long processus de réformes jusqu'à perdre toute leur substance et buter sur leur inapplicabilité. Le partenariat de l'UE avec les pays de l'autre rive du bassin méditerranéen en a énormément pâti malgré les sempiternelles déclarations de bonnes intentions. Le Maroc, qui occupe une position stratégique en face de l'Europe par sa géographie et ses relations économiques étroites avec le vieux continent, a été rudement touché par les réticences européennes. Il s'en est suivi plusieurs aléas sur les échanges économiques, voire politiques, qui ont obligé notre pays à ne pas renouveler l'accord de pêche qui le liait avec l'Union européenne. Un acte légitime de souveraineté qui n'a pas plu à nos partenaires, notamment espagnols, mais qui a eu le mérite de faire découvrir à l'Europe la position géostratégique de notre pays. Le temps et la mondialisation de l'économie mais aussi le terrorisme ont donné raison au Maroc. Après l'attentat du 11 septembre, la police marocaine a procédé au démantèlement de la cellule dormante d'Al Qaida qui s'apprêtait à commettre des attentats dans le détroit de Gibraltar contre des intérêts occidentaux. Ce partenariat dans la lutte contre le terrorisme est venu conforter la position stratégique du Maroc qui est le seul pays africain à être bordé par deux mers. D'autant plus que ses côtes délimitent, dans la rive sud, le détroit de Gibraltar qui est considéré comme un passage vital pour le trafic maritime dans le monde. C'est dire combien le Maroc constitue un pont incontournable entre l'Europe et l'Afrique en matière de sécurité maritime, de lutte contre le terrorisme mais aussi contre le trafic de drogue, l'immigration clandestine et la pollution. Ce pont ne peut trouver ses attaches qu'avec l'Espagne qui est notre plus proche voisin européen. C'est pour cela que nos deux pays sont condamnés à tourner la page de la discorde pour ouvrir celle d'une coopération sereine et pérenne dans l'amitié et la solidarité. L'Espagne, comme tous les pays de l'UE, a intérêt à entretenir un partenariat d'exception avec le Maroc comme l'a si bien perçu le président français Jacques Chirac. Cette vision rejoint celle de Feu S.M. Hassan II qui a longtemps milité pour l'adhésion du Maroc à l'UE sous quelque forme que ce soit. Certains l'ont qualifiée d'utopie. S.M. le Roi Mohammed VI qui avait soutenu sa thèse de doctorat sur les relations entre l'UE et l'UMA vient d'administrer la preuve par l'acte hautement généreux envers les Galiciens, que le vœu du défunt roi est vraiment plus proche de la réalité d'aujourd'hui que des doutes d'hier.