Le sondage hebdomadaire d'Aujourd'hui Le Maroc, diffusé sur le site www.aujourdhui.ma, s'est intéressé à la campagne de dénigrement menée par certains journaux sur l'institution royale. Résultats. «Les gens exigent la liberté d'expression pour compenser la liberté de pensée qu'ils préfèrent éviter ». Cette célèbre citation du Danois Sôren Kierkegaard, chantre de l'esthétique, de la morale et, en désespoir de cause, de Dieu, émise il y a un siècle et demi a-t-elle une place dans l'actualité d'un pays comme le Maroc, engagé dans un processus démocratique, avec ses pesanteurs et ses freins. Soulevé il y a quelques semaines, le débat sur le traitement de l'Institution royale par certains organes de presse continue de tenir le haut du pavé de l'actualité. Soumise à l'appréciation des visiteurs du site de notre journal, www.aujourdhui.ma, la question a suscité l'intérêt de 947 internautes. Pour 39,6% des votants, la campagne de dénigrement de l'Institution royale par certains journaux rend service à la cause de la presse nationale, il est vrai parfois qu'il est plus tenté de briser les tabous que d'informer. Le reste des internautes ayant répondu à la question, soit 61,4%, considère ces écarts comme des manquements graves, allant de la simple déviation de la liberté d'expression (25,4%), à l'atteinte de la personne du chef de l'Etat (35%). Le mutisme officiel des pouvoirs publics et des partis politiques sont sans doute à mettre dans le souci de préservation des acquis démocratiques. Mais vu la position de la majorité des lecteurs d'Aujourd'hui Le Maroc qui ont répondu à la question (soit 61,4%), l'attitude pondérée observée au plus fort de la tempête médiatique, ne doit pas bénéficier d'un chèque en blanc. Puisqu'aussi bien la déviation de la liberté d'expression que l'atteinte à la personne du chef de l'Etat, constituent certes à des degrés divers, des infractions à la loi marocaine. Il y a quelques mois une affaire portant gravement atteinte à un ministre en exercice avait pourtant provoqué de grands remous dans la profession. La justice, il est vrai saisie au plus vite par un parti de gauche soucieux de tirer au clair les allégations, avait sévi. Et tout était rentré dans l'ordre. Il ne s'est trouvé un seul dans la presse ou dans les milieux associatifs pour crier au loup. C'est le très républicain Chirac qui déclare lui-même à l'intention des Français «Le président de la République n'est pas un citoyen comme les autres dans notre pays, comme dans aucune démocratie», la phrase est d'une banalité déconcertante. Et pourtant, la démocratie française ne s'en porte que mieux.