Les nouveaux paradigmes du développement. Tels ont été les principaux points exprimés par les intervenants lors de la cérémonie d'ouverture de la quatrième édition du Forum Global sur la réinvention du rôle del'Etat. Une occasion de donner lecture au message royal dans lequel le souverain insiste sur les grandes mutations que connaît le monde. Humanisme. Telle est la caractéristique principale de la lettre royale, adressée aux participants à la quatrième édition du Forum Global, entamé le 9 décembre dernier avec une série de 11 ateliers sur le développement des capacités et qui ont cédé la place hier jeudi aux travaux proprement dit du Forum. La cérémonie d'ouverture à eu lieu mercredi avec la lecture par le Premier ministre, Driss Jettou, du message royal. Un message qui plante le décor de ce qu'est et ce qui adviendra des pays sous-développés à l'ombre des grands bouleversements que connaît le monde: violence, conflits et guerres raciales, religieuses et linguistiques, fractures économiques et sociales entre pays, et à l'intérieur même d'un même pays, pauvreté, ignorance, terrorisme... «Le transnational a supplanté le national ; le marché mondial a succédé aux zones traditionnelles de commerce régional, les frontières douanières ne résistent plus aux mouvements planétaires des capitaux et des marchandises, les méga-entreprises, les fusions transnationales des grands groupes, ont transformé la physionomie de l'économie», peut-on lire dans le message de S.M Mohammed VI. Seul moyen d'échapper au scénario catastrophique qui plane d'ores et déjà l'horizon pour ces pays, la mise en œuvre de nouveaux modes de gouvernance, le renforcement de l'Etat démocratique et la mobilisation des nouvelles technologies au service de la démocratie et du développement. Le forum de Marrakech tire justement son intérêt de là dans la mesure il constitue une plate-forme de réflexion à laquelle représentants de gouvernements et d'Etat, d'entreprises et de la société civile sont appelés à contribuer. «Les organisateurs du 4ème Furum Global, en invitant à cette réflexion, ont certainement bien conscience, d'une part, de l'impossibilité de faire l'économie de ce partenariat triangulaire, sans hypothéquer l'avenir des peuples et, d'une autre part, du gisement d'opportunités et de valeurs que peut produire une gouvernance fondée sur le dialogue et le partenariat entre l'Etat, les entreprises et les citoyens, comme incubateurs de la démocratie et du développement», insiste le message royal. Des propos qu'a confirmés Mervat Tallawy, représentante des Nations Unies, qui a donné lecture au message du secrétaire général de cette instance, Kofi Annan. Une occasion de donner toute importance à l'événement qui, déclare Mme Tallawy «rentre dans le droit fil des préoccupations des Nations Unies». Pour elle, le temps est à la mise en valeur de l'approche qualitative dans les initiatives d'Etat. Mettant l'accent sur l'efficacité de la formule des ateliers et sur le soutien financier italien dont cette édition a bénéficié (organisation de trois séminaires, financement de la participation de 100 représentant de pays du tiers monde), le senateur Learco Saporito, sous secrétaire d'Etat italien pour l'Administration publique a insisté sur la nécessité de transférer certaines fonctions, d'habitude du ressort de l'Etat. Egalement présent lors de cette cérémonie, Theodore Ahlers, représentant de la Banque Mondiale, a quant à lui mis en exergue le lien fort qu'il y a entre bonne gouvernance et développement. «La gouvernance est un concept difficile à cerner. Parfois il est utilisé à mauvais escient. Pour moi, gouverner doit se ressentir sur le PIB et sur le revenu annuel par citoyen. C'est sur cette base que l'on doit juger un mode de gouvernance», a-t-il expliqué, insistant également l'efficacité dont le secteur public doit faire preuve, la participation du citoyen dans tout processus de prise de décision, le rééquilibrage institutionnel à même de permettre cette participation, la pluralité politique et l'initiative privée qui doit prévaloir. «Les pays qui ont réussi leur transition économique et sociale sont ceux qui ont su accepter le droit de regard de la société et de l'entreprise. L'Etat leur est comptable», a-t-il déclaré remarquant qu'il ne s'agit nullement de solutions miracles et qu'il faudrait d'abord établir des relations saines entre les trois composantes de ces nouveaux paradigmes de la gouvernance. Une gouvernance qui saurait assurer une croissance inclusive, qui saurait amoindrir la vulnérabilité des pays en développement et qui risque d'entraîner d'autres vagues de laissés pour compte. Pour lui, il faut toujours se rappeler qu'il faut viser toutes les catégories de la société. Donnant suite à ce qui a précédé, Rachid Benmokhtar, président de l'Université d'Al Akhawayn et président du Conseil scientifique du forum qui a fait état de la situation de l'urbanisme dans le monde et qui, pour lui, est source de tous les maux dont souffre notre monde d'aujourd'hui. Un état des lieux et des défis auxquels les modes d'administration, inventés il y a des siècles, ne correspondent plus. Débat à suivre. • DNES à Marrakech Tarik Qattab