Mohamed M'rini, coordinateur du secteur des avocats de l'USFP à Casablanca, souligne les hésitations du système politique marocain. Je crois que ce qui renforce et consolide l'Etat et la société c'est bien la démocratie. L'approche qui estime que la démocratie menace le pouvoir de l'Etat est erronée vu les expériences que nous connaissons au niveau du Tiers-monde. Car, la vraie menace vient de l'absence de la démocratie. La preuve, c'est que dans ces pays, toute opération terroriste se répercute sur les économies globales et les Etats, alors que dans le monde, ces tentatives ne touchent guère à la stabilité des Etats et à leur continuité. Cela, nous l'avons constaté après les événements du 11 septembre et force est de constater que les Etats se sont renforcés dans ces pays ; les contrairement à ceux dits du Sud. Bien entendu, ce phénomène s'explique par le fait que dans les pays développés, ce sont lmes citoyens qui protègent l'Etat et la légitimité de ce dernier relève de la volonté des citoyens, alors qu'ailleurs, la démocratie est considérée comme un concurrent et un adversaire du pouvoir étatique. Le problème que nous traversons au Maroc est celui de la transition et le handicap majeure que l'on rencontre, à ce niveau, porte sur la persistance d'une vision caduque de la démocratie. Une vision qui continue à croire qu'il faudrait mettre des limites à la démocratie et que l'Etat est le plus fort puisque c'est lui qui crée le développement, alors que les politiciens et les formations partisanes demeurent faibles et inefficientes. Il y a, donc, d'une part, des hésitations dues à la persistance d'une culture traditionnelle, et d'autre part, un discours sur la modernité et la démocratie qui gagne de plus en plus du terrain. Par ailleurs, c'est l'absence de démocratie et de justice sociale et c'est la pérennité des facteurs de sous développement qui engendrent l'anarchie et poussent à la création de courants hors la loi. Il suffit de citer, à cet effet, le cas de l'Inde. Un Etat pauvre où les disparités sociales battent le plein et où le pluralisme linguistique et les ethnies sont de mise, mais qui, grâce à quatre décennies d'expérience démocratique, arrive à se constituer en tant qu'Etat démocratique, dans une région stratégique très sensible. Or, dans le cas du Maroc, il faut reconnaître que la nomination de Driss Jettou, un premier ministre sans appartenance partisane, traduit , en fait, les hésitations de la phase de transition. Car, on apprend jamais la natation en dehors de l'eau. La démocratie, en d'autres termes s'acquiert par la pratique. Il est certes, vrai que nos partis manquent d'expériences dans le domaine de la gestion des affaires publique, mais l'erreur, toute l'erreur, est de considérer que ces lacunes peuvent être comblées par le recours aux technocrates. D'ailleurs, un tel état de fait ne saurait s'expliquer que par la mise à l'écart, pendant longtemps, des forces politiques, du domaine de la gestion publique.