Institution mal-aimée, l'Inspection générale des Finances n'en brille pas moins par l'étendue de ses audits, qui concernent tous les organismes publics. Si les résultats sont palpables, cet établissement n'en est pas moins appelé à être renforcé. Ses fonctionnaires sont plutôt mal-aimés et ils sont loin d'être les bienvenus. Leurs « descentes » sont dans bien des cas synonymes de gros scandales. Leurs rapports sont parfois suivis d'arrestations et d'enquêtes judiciaires. Quand ils vous tombent dessus, mieux vaut avoir vos comptes bien en règle. Et gare à ceux ou celles qui tenteraient de jouer avec ! On est bien chez l'Inspection générale des Finances, cet organisme dont l'appellation est réduite à ses abréviations (IGF), mais dont le travail s'étend à tous les établissements publics. Rien ni personne n'échappe au contrôle de ses inspecteurs que d'aucuns disent qu'ils portent bien leurs noms. Et pour cause, ils débarquent à l'improviste et travaillent au moins en binôme. C'est à peine s'ils disent bonjour. Courtois, ils n'en sont pas moins fermes. « Une simple proposition de votre part de leur offrir un café ou un verre d'eau vous vaut, au meilleur des cas, un regard de travers. Leur travail qui prend généralement quelques minutes, assez de temps pour déceler une éventuelle irrégularité. Du flair, ils en ont à revendre », déclare une responsable au sein d'un ministère dont le département a fait l'objet d'une de ces visites. Des visites que plusieurs de nos responsables passent leur temps à chercher à éviter. Quelques minutes suffisent à détruire bien des «carrières». Qui est donc cet organisme dont les pouvoirs de contrôle ne semblent avoir d'égale que l'incorruptibilité, doublée d'une certaine antipathie, de ses agents ? Et qui sont ces hommes et femmes dont la simple arrivée au seuil de certains établissements publics entraîne la panique générale. Méconnue, l'IGF ne fait parler d'elle que quand il s'agit de grandes affaires de détournement de fonds et de malversations de tous genres. C'est à cet organisme qu'on doit l'éclatement, ces dernières années, de bien d'affaires, comme celles du CIH, de la BNDE ou encore de la CNSS. Entre autres affaires bien entendu. Pourtant, à voir la composition de cet établissement, il y a lieu d'être étonné des résultats obtenus. Ils ne sont que 71 inspecteurs des Finances, dont 9 stagiaires fraîchement recrutés, à composer, en tout et pour tout, le nerf de guerre de ce corps. Caressant l'objectif de doubler l'effectif des inspecteurs des Finances en fonction d'ici 2007, l'IGF comporte, outre une division de formation, de coopération et de logistique, trois pôles. A l'Inspection et contrôle des services du ministère des Finances s'ajoutent l' Inspection et audit des établissements et services publics et l'Audit des projets publics et études. L'IGF fait partie des différents organismes travaillant sous la tutelle du ministère des Finances. Ce dernier a pour charge non seulement d'élaborer la loi des Finances, mais aussi de veiller à sa bonne exécution. Une veille permanente qui incombe aux organismes précités, dont le CGED qui exerce un contrôle de régularité, la TGR qui exerce un contrôle de validité et la DEPP chargée du contrôle financier sur les établissements et les entreprises publics. Le travail de l'IGF vient au bout des contrôles effectués par lesdits organismes. Un contrôle a posteriori et ponctuel exercé sur la base d'un programme annuel de contrôle comprenant des administrations, des établissements et entreprises publics, des collectivités locales… « Aussi bien la date que le lieu de la « descente » sont gardés secrets, même vis-à-vis des inspecteurs qui en ont la charge. Ces derniers ne sont informés qu'une semaine avant le jour “J”, le temps de mener leurs enquêtes et de se préparer à l'assaut », nous informe une source proche du dossier. Des missions suite auxquelles des rapports sont élaborés et transmis aux responsables des établissements audités dans le cadre de la procédure contradictoire. Ils deviennent définitifs après la réception des explications et justifications éventuelles des entités concernées. Des entités auditées, dont le nombre, au cours des quatre dernières années, s'élève à quelque 299. Elles sont allées des ordonnateurs et comptables (60) aux Etudes et évaluation des programmes publics (32) en passant par des audits des établissements publics (79) et des Audits des projets financés (128). A l'actif de l'IGF, les audits menés dans la plupart des établissements et entreprises publics, les mutuelles du secteur public, projets financés par les bailleurs de fonds internationaux et les études d'évaluation de programmes publics notamment le programme national de lutte contre les effets de la sécheresse. Des missions qui ne se font pas sans douleur et quelques difficultés. A commencer par l'accès à l'information. Le problème d'archivage des pièces justificatives se pose également avec acuité. Aussi l'exploitation rapide et pertinente des bases de données des organismes audités s'avère dans bien des cas difficile. A ce niveau, l'IGF vient d'acquérir un logiciel d'audit des bases de données qui va lui permettre de mettre à profit les données informatiques lors des missions d'audit. S'ajoutent à cela la nécessaire harmonisation de la démarche d'audit des projets financés par les bailleurs de fonds, le perfectionnement des compétences professionnelles et du système d'information de l'IGF. Des nécessités doublées de projet de réformes. Il s'agit d'abord du projet de loi relatif à l'IGF , élaboré afin d'actualiser les attributions et les missions de cette institution. L'objectif n'est autre que de faire évoluer le système de contrôle, adapter les missions de l'IGF aux mutations actuelles et renforcer le contrôle a posteriori et le contrôle de performance . Au niveau de ce projet, le champ d'intervention de l'IGF a été élargi afin de permettre d'apprécier les résultats, eu égard aux objectifs assignés et aux moyens mis en œuvre, de s'assurer de la fiabilité du dispositif de contrôle interne et d'évaluer les programmes publics. Au niveau organique, l'IGF envisage la mise en place de la régionalisation de ses services de manière progressive, compte tenu des moyens humains et matériels. Par ailleurs, la coordination entre l'IGF et les autres corps de contrôle est appelée à s'intensifier. On l'aura compris, les pouvoirs de l'IGF sont appelés à être renforcés. Il y va de la transparence tant recherchée de nos finances publiques.