La récente visite éclair du Président de la République française au Maroc où il a eu des entretiens en tête-à-tête avec S.M. le Roi Mohammed VI, n'a pas échappé à des commentaires et à des spéculations plus ou moins orientées du côté des observateurs et des médias ibériques. La récente visite éclair du Président de la République française au Maroc où il a eu des entretiens en tête-à-tête avec S.M. le Roi Mohammed VI, n'a pas échappé à des commentaires et à des spéculations plus ou moins orientées du côté des observateurs et des médias ibériques. Ces commentaires avancent, comme objet de ce sommet ramadanien, l'hypothèse d'une médiation française entre Madrid et Rabat dont les relations sont exécrables depuis plus d'un an. Aucune indication de la part des interlocuteurs concernés n'est venue donner un semblant de confirmation à cette rumeur. Par contre, du côté marocain, comme du côté français, les rares informations à caractère officieux situent cette rencontre sur un plan d'abord amical et humanitaire, exprimant un geste de solidarité de la France vis-à-vis du Maroc, frappé récemment par les dramatiques inondations qui ont fait des dizaines de victimes et des dégâts matériels évalués à des milliards de dirhams. Puis, de source diplomatique marocaine, on a indiqué que les discussions au sommet s'inscrivent « dans le cadre d'un partenariat stratégique d'exception au service des sociétés et des économies des deux pays amis». Une formulation qui n'a pas l'heur de plaire particulièrement à nos voisins espagnols qui y voient, comme à leur habitude, une illustration du favoritisme en faveur de la France qu'ils attribuent généralement aux pouvoirs publics et aux institutions marocaines. Si le cœur a, comme toujours, ses raisons qui n'obéissent pas particulièrement à des considérations géostratégiques et à des intérêts économiques plus ou moins directs, l'Espagne, au vu des résultats que réalisent ses entreprises au Maroc et à l'importance, de plus en plus grande, des parts de marché et des positions qu'occupent ses opérateurs dans les transactions et le négoce avec le Royaume, n'a pas trop à se plaindre. Du moins en termes d'échanges économiques. Sur les autres plans, notamment du point de vue politique et en matière de coopération multiforme, de rapprochement et d'entente, les choses laissent certainement à désirer. Le Maroc, comme dans toute relation bilatérale, a sa part de responsabilité à cet égard. L'une des négligences dont il s'est rendu coupable, notamment durant les dernières décennies du siècle dernier, c'est d'avoir unilatéralement trop cru en les bonnes dispositions de l'Espagne à son égard et à la fatalité qu'il y avait pour les gouvernants de Madrid de prendre conscience des intérêts vitaux du Maroc et de la nécessité de trouver avec lui un terrain d'entente, équitable et mutuellement profitable, dans les contentieux qui pèsent sur leurs relations, notamment ceux relatifs à l'intégrité territoriale du Royaume. Or, il s'est avéré que notre voisin du Nord est resté prisonnier d'une attitude arrogante, condescendante, et tenté plus que jamais d'imposer une certaine forme de tutelle, voire d'asservissement, du Maroc à ses intérêts les plus étroits, tels que déterminés par le lobby militariste ibère, fortement travaillé par les relents de franquisme de triste mémoire, et les corporatistes qui lui sont affidés. Même un processus aussi généreux et aussi ambitieux que celui de Barcelone qui devait rénover les formes de coopération, de partenariat et de co-développement dans le pourtour méditerranéen a été sacrifié sur l'autel de ce nombrilisme espagnol. Mais sur ce plan-là, l'Union européenne dans son ensemble, et plus largement le monde occidental, sauront préserver leur intérêt collectif et ramener, fatalement, Madrid à une approche plus constructive et plus équitable des relations Nord-Sud autour du bassin méditerranéen, si sensible, si fragile, mais si emblématique.