Issam El Yousfi vient d'être nommé à la tête de l'Institut supérieur des arts dramatiques et de l'animation culturelle (ISADAC). Il livre son approche de l'enseignement au sein de cet établissement. Entretien. Aujourd'hui Le Maroc : Vous venez tout juste d'accéder au poste de directeur de l'ISADAC. Quelle est votre propre vision de l'enseignement au sein de cette institution? Issam El Yousfi : Vous savez, nous avons affaire à un institut qui dispense un enseignement artistique mais qui en même temps doit pouvoir être ouvert aux besoins du marché. De ma part, je m'engage à essayer de pallier à certains problèmes pédagogiques et réorganiser le cursus de formation de manière à obtenir une évolution cohérente. Que voulez-vous dire par là ? J'entends par là, qu'il faudrait créer des stations d'ouverture sur la vie professionnelle et il faudrait qu'on ait une conscience par rapport aux attentes du marché du travail. Un marché qui évolue au gré du développement technologique. Et tout cela nécessite une organisation plus aiguë pour pouvoir mettre en valeur toutes les potentialités dont nous disposons. Ceci concerne aussi bien les étudiants que les professeurs. Nous espérons également offrir une meilleure qualité de formation et s'offrir plus de rigueur dans les objectifs pédagogiques. Il faudrait également créer des méthodes de travail plus rentables, essayer d'équilibrer entre la pratique et la théorie. Nous voulons pousser également les étudiants à créer leurs propres projets pour ne pas subir la loi du marché. Les étudiants ne doivent pas fonctionner uniquement à la logique du marché, mais ils devraient avoir une ambition plus grande. Il doivent développer leur esprit d'initiative de façon à créer leur propre théâtre et à y exprimer leurs idées. Ces étudiants doivent avant tout être des créateurs et non de simples exécutants. Pour cela ils doivent être exigeants envers eux-mêmes. Mais tout en sachant que vous commencez vos fonctions en tant que nouveau directeur vers le milieu de l'année universitaire, ne pensez-vous pas que cela risque de perturber le déroulement des cours ? Non pas vraiment, étant donné que moi et l'ancien directeur Mohamed Massaia avons longtemps travaillé en concertation. Aussi, je connais cette institution comme ma poche puisque j'y suis enseignant et j'ai aussi occupé auparavant le poste de directeur des études. Pour cela, je ne crois pas que ça va poser problème. De toutes les manières, il n'est pas question d'opérer un changement brutal dans le cursus de formation. On va tout d'abord travailler dans la continuité des acquis qui ont été consolidés jusque-là. La rupture doit toujours selon moi se passer dans la continuité. Je ne suis pas de ceux qui balayent d'un revers de main tout ce qui a été fait par leurs prédécesseurs. Pourriez-vous rappeler, pour ceux qui ne connaissent pas l'ISADAC, comment se déroule la formation ? L'enseignement au sein de l'ISADAC s'étale sur 4 ans. Nous nous engageons à former des comédiens et des scénographes. La formation est composée de deux spécialités : l'interprétation et la scénographie. Les deux premières années sont appelées tronc commun. Au bout de la troisième année, l'étudiant choisit entre l'interprétation et la scénographie. La pratique et la théorie s'alternent durant les quatre années d'étude. Mais nous pouvons dire que la pratique atteint un volume horaire plus important que la théorie. En outre l'assiduité est obligatoire. Les cours sont dispensés de 8h30 à12h30 et de 14h30 à 18h30. Mais sur vingt lauréats, on remarque que seulement deux ou trois font carrière artistique et deviennent des comédiens, le reste va rejoindre le ministère de la Culture ?Qu'en est-il réellement ? Ce fut le cas peut-être il y a quelques années, mais le marché s'ouvre de plus en plus ces derniers temps. Il y a beaucoup plus de possibilité de travail dans nos deux chaînes nationales. Il y a aussi beaucoup d'étudiants qui reçoivent des offres de la part des réalisateurs marocains. On retrouve beaucoup de nos lauréats qui jouent dans des films et des feuilletons. En fonction de cela, les étudiants choisissent de plus en plus la spécialité de l'interprétation plutôt que la scénographie, même s'ils ont la possibilité de travailler comme ingénieur de son dans des chaîne de télé.