Réalisateur en herbe, Raouf Sebbahi vient de tourner son premier court-métrage, à Salé. «Ma ville, j'ai jamais vu», est l'histoire d'un jeune enfant non-voyant voulant découvrir le monde extérieur. Entretien. ALM : Vous êtes en dernière année à l'Institut spécialisé du cinéma et l'audiovisuel (ISCA), à Rabat, et vous venez de terminer, hier, la phase du montage de votre premier court-métrage. De quoi parle votre film ? Raouf Sebbahi : Mon film s'intitule, «Ma ville, j'ai jamais vu». C'est un court-métrage d'une durée de 13 minutes. L'histoire relate un simple vœu d'un enfant aveugle vivant à Salé. L'enfant veut tellement connaître les coins et recoins de sa ville natale qu'un ange est venu lui rendre visite et, in fine, lui exauce son rêve. Le petit a espéré posséder le sens de la vue rien que pour une journée et voir à quoi ressemble cette Salé-là. Vous avez dirigé l'un des acteurs les plus connus sur la scène artistique nationale. Comment avez-vous pu convaincre Rachid El Ouali de tourner avec vous ? Il faut dire que j'ai de la veine (rires). Avoir un casting de choc, comme celui-là, pour une première œuvre, ça ne court pas les rues ! En fait, il n'y a pas que Rachid El Ouali dans mon court-métrage. L'actrice Hanane Ibrahimi a également joué dans «Ma ville, j'ai jamais vu». Ces deux acteurs sont très généreux et aiment bien aider les jeunes. Pour revenir à votre question, ce n'était pas du tout difficile de les convaincre de camper des rôles dans mon film. Tourner avec des acteurs de cette trempe-là était un grand plaisir pour moi. Je tiens, à l'occasion, à les remercier encore une fois. Rachid El Ouali et Hanane Ibrahimi ont joué bénévolement. Quels sont les autres personnages principaux de ce court-métrage ? En plus de Rachid El Ouali et Hanane Ibrahimi, le casting de «Ma ville, j'ai jamais vu» compte parmi lui l'enfant Abdessalam Ismail. Dans le rôle de Rachid, Abdessalam est le personnage clé de ce court-métrage. Lui aussi a joué à titre bénévole. Abdessalam a été disponible le long du tournage et son père a bien encouragé son fils à vivre cette expérience. Il y a également l'autre personnage qui va rendre, dans le film, le sens de la vue à l'enfant. Il s'agit de Mohamed Belfquih qui a campé le rôle de l'ange. Vous êtes également le scénariste de ce court-métrage. Comment avez-vous financé ce projet ? Pour le financement, mon film avait le soutien matériel d' «Argane productions». Cette boîte de production dirige, en fait, l'Institut spécialisé du cinéma et l'audiovisuel où j'étudie. Mon film a eu également une aide de la part d'une institution allemande installée à Damas, en Syrie. Et ce, après une sélection de plusieurs scénarios écrits par des jeunes cinéastes issus du monde arabe. Vous dédiez «Ma ville, je n'ai jamais vu» à votre père, qui est un professionnel de l'audiovisuel… Exactement ! je dédie ce film-là à mon père Rachid Sebbahi. J'estime que malgré son handicap, il a pu atteindre un bon niveau dans le journalisme audiovisuel. Je saisis cette occasion pour lui rendre hommage et lui exprimer mon profond respect. Rachid Sebbahi est le père, l'ami… Il a fait d'énormes sacrifices et je pense qu'il mérite plus qu'un court-métrage pour lui rendre hommage.