Un hôtel fréquenté par des Israéliens et un avion de la compagnie Arkia ont presque simultanément été la cible de deux attentats qui ont coûté la vie à onze personnes jeudi au Kenya. Les soupçons se portent sur Al-Qaïda. Selon un bilan encore provisoire à la mi-journée de jeudi, au moins onze personnes, dont trois touristes israéliens, ont été victimes de l'attaque à la voiture piégée perpétrée devant un hôtel situé près de Mombasa, sur la côte kenyane. A quelques minutes d'intervalles, un avion israélien qui venait de décoller de l'aéroport de cette même ville, la deuxième du pays, a essuyé au moins deux tirs de missiles, qui ont raté leur cible. Le charter de la compagnie Arkia et en partance pour Tel-Aviv, contenait quelque 261 passagers. Selon un responsable de la société israélienne, le pilote a vu un éclair de lumière sur la gauche de son appareil qui a été légèrement endommagé. Dans un premier temps, le commandant de bord avait envisagé un atterrissage d'urgence dans la capitale kenyane de Nairobi, mais il a finalement poursuivi son itinéraire jusque l'aéroport israélien. Si aucune victime n'a été déplorée dans cette seconde attaque, la première pourrait avoir entraîné la mort d'une quinzaine de personnes, plusieurs clients et même le directeur général de l'hôtel Paradise n'ayant pas encore été retrouvés. Selon l'ambassadeur du Kenya en Israël, environ 80 personnes ont été blessées, la plupart étant des clients occidentaux -notamment israéliens- de l'établissement installé à Kikambala, à une vingtaine de kilomètres au nord de Mombasa. Selon des témoins, un véhicule tout-terrain se serait approché vers 8 heures du matin (5 H GMT) de la barrière de l'hôtel, avant de la défoncer peu après que ses occupants aient eu une dispute avec les gardiens. Après l'explosion, un incendie a éclaté dans l'hôtel. Yoav Biran, directeur général du ministère israélien des affaires étrangères, a confirmé qu'au moins trois Israéliens, dont deux enfants, avaient été tués. La majorité des victimes, six, était cependant de nationalité kenyane. Selon les différents témoignages, entre deux et trois kamikazes, leur nombre variant selon les sources, de la voiture ont aussi été tués. Parmi les blessés, certains n'ont que des contusions, mais d'autres souffrent de brûlures profondes -tout l'hôtel ayant été incendié- ou d'éclats de métal logés dans leur corps. Aucune de ces deux attaques, perpétrées quasi-simultanément, n'avait encore été revendiquée à la mi-journée. En Israël, des responsables ont cependant immédiatement porté leurs soupçons sur le réseau Al-Qaïda. «Il semble qu'il s'agisse d'une autre attaque orchestrée et les premiers indices donnent à penser qu'il s'agit d'une sonnette d'alarme d'Al-Qaïda», a déclaré un diplomate israélien sous couvert de l'anonymat. L'ambassadeur du Kenya dans l'Etat hébreu, John Sawe, a déclaré de son côté n'avoir «aucun doute» que ce double-attentat soit l'oeuvre du réseau Ben Laden. «C'est Al-Qaïda qui est derrière ces attaques pour la bonne raison que le Kenya n'a pas de problèmes intérieurs, que ce soit avec ses voisins ou avec qui que ce soit» a-t-il affirmé. Si aucune information ne permettait jeudi de lier ces attaques à Al-Qaïda, l'apparition de son nom est - entre autres - due au fait que l'organisation avait été à l'origine de plusieurs attentats en Afrique orientale en 1998. Le 7 août de cette année-là, deux attaques à la voiture piégée s'étaient notamment produites contre les ambassades américaines de Nairobi (Kenya) et Dar es Salaam (Tanzanie) tuant 224 personnes. Les Etats-Unis avaient alors presque immédiatement accusé Oussama Ben Laden d'en être l'auteur.