Devant plusieurs personnalités politiques et universitaires italiennes, deux jeunes femmes sahraouies, qui viennent de regagner la mère-patrie, ont relaté des témoignages accablants sur le calvaire des séquestrés de Tindouf. La seule fois où elle avait vu son père, c'était lors de sa torture publique dans les camps du Polisario. Elle avait alors deux ans. Il s'agit de Mlle Saadani Maalainine, une jeune Sahraouie marocaine qui a été déportée à Cuba depuis son enfance et qui a regagné la mère-patrie l'an dernier. Intervenant lors d'un séminaire organisé, samedi, en Italie sous le thème "un engagement pour la liberté", elle a fortement ému les participants par un témoignage bouleversant sur sa propre expérience alors qu'elle n'avait que cinq ans. "Je fus contrainte de renier mon père torturé sur la place publique par les bourreaux du Polisario. Je n'oublierais jamais la scène horrible du coup qui lui a rompu les dents et défiguré sauvagement le visage devant une assistance terrifiée", a-t-elle raconté, essuyant ses larmes, devant une assistance composée par plusieurs personnalités politiques et universitaires italiennes. En effet, le séminaire qui a été organisé par le maire de la ville de Pontremoli (nord de l'Italie), l'eurodéputé Enrico Ferri, en collaboration avec le bureau italien du Parlement européen et les sections locales de la Fédération italienne des femmes opérant dans les arts, les professions et les affaires (FIDAPA), «the Lions Club» et Amnesty international, a été marqué par plusieurs personnalités italiennes dont le sénateur Massimo Baldini, Sous-secrétaire aux Communications au gouvernement italien, Paola Severini, directrice de la revue "Angeli", Girolamo Strozzi, professeur de droit international à l'université de Florence et Rina Gambini, enseignant de philosophie dans la ville de la Spezia. C'est devant cette assistance que Saadani Maalainine a poursuivi son récit en relatant l'histoire accablante du calvaire qu'elle a vécu ainsi que sa famille dans les camps de Tindouf et à Cuba. Ainsi, elle a raconté que sa mère lui avait raconté comment son père, qui faisait partie des premiers combattants contre le colonisateur espagnol, avait été fait prisonnier avec des milliers d'autres personnes qui n'avaient pas admis que la lutte contre l'occupant se transforme en guerre contre la mère-patrie et oppose les ressortissants d'un même pays. "Mon père et les gens qui se sont rendus compte du piège de la sécession qui leur fut tendu par l'Algérie et ses mercenaires du Polisario furent jetés en prison, humiliés, morts sous la torture ou exécutés", a-t-elle souligné. Saâdani a par la suite relaté sa déportation à Cuba pour une période de dix-neuf ans pendant laquelle "elle n'avait eu aucun contact ou nouvelle de sa mère et de son père" dont elle n'a su la mort, survenue dans la prison, qu'à son retour aux camps. Ce fut à ce moment qu'elle décida de faire en sorte que les tortionnaires de son père soient démasqués devant l'opinion publique internationale pour les crimes qu'ils leur ont fait subir. "J'avais alors juré de consacrer tout le reste de ma vie à dénoncer ce régime tortionnaire et le goulag dans lequel sont enterrés vivants des dizaines de milliers des séquestrés marocains dans le sud de l'Algérie", a-t-elle dit. Son objectif principal est de militer pour la liberté des autres séquestrés de Tindouf. "Je me considère fortunée parce que, contrairement aux autres, j'ai pu fuir les camps de la honte et regagner la mère-patrie. Il faut maintenant se battre pour que tous les détenus en otage par les mercenaires du Polisario recouvrent la liberté et retrouvent leurs familles et leur pays. Je demande votre appui et votre soutien pour faire entendre leur voix et leur cause", a-t-elle dit en s'adressant aux participants. De son côté, Kaltoum Khayat, ex-responsable de l'action diplomatique au sein de "l'Union nationale des femmes sahraouies", qui a rejoint le Maroc le mois de juillet dernier, participant également à ce séminaire, a précisé que "les femmes et les enfants sont les premières victimes de la terreur des séparatistes". Les "révolutionnaires professionnels" algériens et leurs mercenaires, a-t-elle souligné, présentaient le Maroc comme un pays "réactionnaire au service des intérêts du capitalisme et de l'impérialisme occidental et ses ennemis comme les chantres de la révolution et de la liberté et les défenseurs des causes justes des peuples du tiers-monde". "En regagnant le Maroc, notre pays de toujours, nous nous sommes rendue compte de la différence existant entre la réalité et les slogans. Entre une vie de quiétude et de participation au raffermissement de la démocratie et du développement et le cauchemar des privations, des humiliations et la quête constante des laissez-passer pour pouvoir se déplacer d'un camp à un autre et échanger les visites entre les membres d'une seule famille", a-t-elle conclu.