Alors que le danger qui guette la population de Mohammédia prend des proportions alarmantes et que la panique s'installe dans bon nombre de régions, des responsables gouvernementaux continuent de prêcher un optimisme de mauvais aloi, compte tenu de la réalité des menaces. Depuis quelques jours, les habitants de la ville basse de Mohammédia vivent au diapason de la menace de la pluie et du danger des inondations qui les guettent. Une situation qui ne saurait se calmer par de simples annonces anesthésiantes. « Une expérience, nous dit une information à caractère officiel et partisan, la première du genre au Maroc, concernant l'utilisation des unités mobiles de mesures des ressources en eau, a été lancée, samedi a l'Oued El Maleh à Mohammédia, par le secrétariat d'Etat chargé de l'eau. L'acquisition de ces unités a pour objectif de renforcer le système de surveillance de la pluviométrie, d'améliorer le système de prévision et de suivi des différents sites hydrauliques et de contrôler la qualité de l'eau, a déclaré Abdelkebir Zahoud, secrétaire d'Etat chargé de l'eau, qui a assisté au lancement de cette opération ». Tout cela est bon et vrai, mais ce qui n'est ni bon ni vrai, c'est de tenter d'hypnotiser les citoyens par des propos tranquillisants et des gestes spectaculaires qui n'ont pas de grands effets sur le vécu quotidien des gens. Est-ce que Mohammédia a besoin aujourd'hui d'unités de surveillance de la pluviométrie ? Certes, cela est nécessaire, mais, franchement, insuffisant et ce n'est nullement à quelques jours du mois de novembre qu'il faudrait évoquer ce genre de projets de réalisation alors que l'on est en pleine saison pluvieuse. Le matériel dont il est question est nécessaire mais combien insuffisant pour bloquer la catastrophe si jamais elle pointe à l'horizon, comme ce fut le cas le 25 décembre 2001 et le 25 novembre 2002. Qu'en est-t-il vraiment des travaux concernant les canaux de délestages et les barrages ? Qu'en est-il des précautions et projets qui doivent être construits en amont, pour freiner le cours des eaux venus des alentours de la ville de Mohammédia, notamment des régions de Settat, Berrechid, Sidi Hajjaj et autres? Jusqu'à présent, aucune déclaration officielle n'a été faite à ce sujet. Mais entre-temps, les sinistrés des deux dernières années s'inquiètent et les populations des villes de Mohammédia, Settat et Berrechid sont à bout de nerfs et craignent le pire pour les jours qui viennent. A Mohammédia, des prospectus ont été distribués récemment pour aviser les habitants de la ville basse de prendre les précautions qui s'imposent dès les premiers signaux d'alerte. Comme dans certaines plages, les couleurs des drapeaux varient selon la gravité de la situation. Le drapeau vert signifie que le niveau atteint par les eaux ne dépasse pas les 60 m3 par seconde et que la zone du Golf et les magasins du pétrole et du gaz se trouvant près d'Oued El Maleh sont menacés, d'où la nécessité de prendre les mesures qui s'imposent. En revanche, si les signaux d'alerte sont suivis de suspension de drapeaux jaunes dans les entrées et immeubles de certains quartiers, cela signifie que le niveau atteint par les eaux est entre 60 et 110 m3 par seconde et que les zones et quartiers précités, en plus des douars SAMIR, El Haj, et Ghezouane ainsi que toute la zone s'étendant du Bv. Chefchaouni, Bv. Sidi Mohamed Benabdellah, Stade Bachir , Cité INAra I et Hay Ouaffa jusqu'au Bv Abdelmoumen et toute la partie jouxtant le port de la ville, sont menacées d'inondations et que les habitants de ces quartiers doivent vider les logements se situant aux rez-de chaussées et s'apprêter à évacuer leurs domiciles. Mais si l'alerte est signalée par un drapeau rouge, c'est presque toute la ville basse qui est menacée et qui doit être désertée. Bref, les choses ne s'annoncent pas sous de bons auspices et ce n'est nullement l'arrêt de la distribution du prospectus indiquant ces mesures de précaution qui va empêcher la catastrophe de se produire, ni même les visites spectaculaires des ministres, dont le premier d'entre eux, ou la création de cellules de crise qui n'aboutissent qu'à des déclarations superfétatoires. Car, à défaut de preuves tangibles, il est clair pour les habitants de Mohammédia que les travaux de la digue se situant entre la SAMIR et la zone du Golf, qui devraient être achevés en ce mois de novembre, accusent un retard d'au moins trois mois et qu'en dépit de ce qui a été fait, le danger n'est pas loin, d'où la panique qui se propage de plus en plus parmi les citoyens et qui se traduit par le taux élevé de déménagements observé ces derniers temps au niveau de plusieurs quartiers de la ville basse surtout dans la zone proche du Stade Bachir. Les expériences vécues durant les deux dernières années ont appris aux gens à être réalistes et à ne compter que sur leurs propres moyens. Face à la démission de l'Etat, seul le slogan « sauve qui peut » trouve des échos dans ce genre de circonstances qui alimentent le désespoir collectif.